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26 janvier 2015

Comment ne pas faire le buzz en 2015

par rédaction Tsugi

Article extrait de notre hors-série numéro 10, toujours en kiosque. 

L’année dernière, nous vous proposions quelques astuces pour « faire le buzz » (un mot un peu plus laid chaque année). En 2015, prenons le contre-pied de l’industrie musicale : ne pas faire le buzz is the new faire le buzz. Voici donc quelques conseils pour ne pas faire parler de vous. 

1. Sortir un album 

Écrire des chansons, aller les enregistrer en studio avec un producteur, pour finalement annoncer une date de sortie d’album et le voir arriver dans les bacs à la date convenue. Mon dieu que c’est triste. Vu, vu, et revu. En 2015, il vous faudra prendre votre temps. Comme Azealia Banks, dont le Broke With Expensive Taste vient tout juste de paraître, avec seulement vingt-six mois de retard. Personne n’en a parlé, c’est bien la preuve que cette méthode anti-buzz fonctionne. Ne surtout pas sortir un album, donc… Ou alors deux ! Et sans prévenir, de préférence. Comme à la fin de l’année dernière, Beyoncé, jeune artiste désireuse de glaner quelques articles dans la presse, s’apprêterait à nous refaire le coup de “l’album qui débarque comme ça”, sans promo et sans annonce. Mais comme on le sait, ce n’est plus une surprise. Donc ça tombe à l’eau, donc ça ne fait pas de buzz, donc ça marche.

2. Signer sur un label

Franchement, à quoi bon courir les maisons de disques avec votre maquette toute pourrie remplie de chansons qui ne tiennent pas la route, alors que vous pouvez faire payer vos amis pour les enregistrer sans dépenser un centime. Signer sur un label, c’est l’assurance de se retrouver en page d’accueil de Deezer entre Black M et Shaka Ponk. Alors que passer par une plateforme de crowdfunding vous permettra non seulement de faire payer les proches (soyons honnêtes, c’est toujours maman qui remplit la cagnotte à la fin), mais surtout de ne pas avoir à vous justifier auprès d’un directeur artistique qui tentera de vous aiguiller et de vous prodiguer de bons conseils et des astuces apprises en vingt-cinq années de métier. Là au moins, vous pourrez enregistrer vos chansons ringardes comme vous l’entendez. Et ne jamais faire carrière. Merci qui ?

 3. Diffuser sa musique

On ne va pas se mentir: il y a beaucoup trop de choses à écouter pour perdre notre temps avec votre album mashup “Christine & The Gipsy Kings”. D’ailleurs, pour ne pas faire le buzz (et donc peut-être le faire, ne l’oublions pas, c’est un jeu compliqué), ne diffusez surtout pas vos sons, gardez-les pour vous. Taylor Swift se porte très bien sans ses albums sur Spotify (l’inverse n’est pas vrai), et de son côté, Julian Casablancas sort un album inécoutable (Tyranny), impossible à diffuser en radio, et le résultat est là: on ne parle que des Strokes. David Guetta, toujours plus malin que les autres, nomme son dernier album Listen, dont le premier titre est “Dangerous”. Un message caché ? Cerise sur le gâteau, si vraiment vous tenez à sortir quelque chose, optez pour la cassette. Il paraît qu’elle est de retour, contrairement aux gens disposant d’un walkman en 2015.

4. Etre une découverte

Attention, le dossier est sensible, et délicat à maîtriser. Pour ne pas faire le buzz, il ne faut surtout pas être connu (c’est le plus gros danger, tomber dans la facilité de la richesse et de la starification et des plateaux télé et de la vie de rêve). Mais en étant inconnu au bataillon, vous tombez dans le registre de la découverte. La découverte est le nerf de la guerre, tout le monde y va de sa sélection de “dix groupes du département Loire-Atlantique à écouter cette semaine”, et tout le monde est persuadé que “Ctrl Alt Stupre, le rappeur de Quimper, bah c’est moi la première qui en ai parlé à ma copine blogueuse, qui ensuite a écrit son nom dans les commentaires d’un article du Plus, donc tu vois c’est vraiment moi que je l’ai découvert ce mec”. Bonne nouvelle: au milieu de tous ces maga- zines pondant trois lignes sur leur site de peur de laisser passer quelque chose (sans jamais vraiment soutenir ou accompagner l’artiste mais uniquement pour revendiquer un statut de prescripteur), vous avez toutes vos chances de vous faufiler entre les mailles du filet. Et de res- ter un nobody. Pour l’éternité. Alors souriez.

5. Rester vivant

 Désolé de plomber l’ambiance, mais nous sommes là pour vous aider, et donc nous nous devons d’aborder les sujets qui fâchent. En 2015, surtout, ne mourez pas. Faites attention à vous. Quentin Elias du groupe Alliage et Hervé Cristiani (désormais aussi libre que son cher Max) nous ont quittés en 2014. Robin Williams aussi, et nous avons beaucoup pleuré (encore plus en pensant qu’il s’agissait de Robbie). Passer l’arme à gauche est l’assurance de faire parler de vous. Vous n’aurez pas forcément un reportage sur votre vie dans le JT de M6, mais à coup sûr un hommage dans Rock’n’Folk (comme Phil Everly) ou Tsugi (comme Frankie Knuckles ou Mark Bell). Alors faites gaffe. Pete Doherty, en meilleure forme que sa carrière (c’est dire) l’a bien compris: le dernier Babyshambles est un flop, et la reformation des Libertines un aveu d’échec. Et il est bien vivant. Alors ne foirez pas tout, et conduisez prudemment. (Nico Prat)

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