Chronique : These New Puritans – Field Of Reeds
Trois années se sont écoulées depuis Hidden, et nous voilà de nouveau témoins de l’œuvre inquiète du quatuor de Southend-on-Sea. Plus précisément l’œuvre de Jack, l’un des jumeaux Barnett, maître de l’écriture et parfait control freak d’un groupe dont l’engagement esthétique transperce ici le zénith d’une radicalité étincelante. Field Of Reeds promet une traversée unique. Accessible, il y réside néanmoins une torsion des relations tonales qu’un public rock aurait l’habitude de se glisser dans l’oreille. Résolutions harmoniques iconoclastes et constructions thématiques intrépides emploient des tensions que l’on imagine parfois inspirées d’un Wozzeck de Berg autant que des Kindertotenlieder de Mahler, quand on n’entend pas les pétales tombés d’un jazz furtif. C’est beau, c’est sublime même. Au fil des écoutes, le disque prend une ampleur fabuleusement riche, et explore un spectre émotionnel ébouriffant. Difficile de faire le tri, mais à l’écoute de morceaux comme “V (Island Song)”, “Nothing Else” et “Dream” ou encore “Fragment Two”, on se permet sans désinvolture d’écrire des choses comme : un album infusé de génie. (Clément Fabre)
Field Of Reeds (Infectious Music/Pias)