Chronique : These Hidden Hands
Plus viscéral, plus musclé, mais aussi plus radical, Tommy Four Seven est un peu à la techno indus ce que Trent Reznor est au rock alternatif. En 2011, son premier album asseyait une étourdissante maîtrise du design sonore et une ferme volonté de noyer l’électronique dans le cambouis. Passé depuis par de nombreux labels et devenu un pilier de la scène, l’Anglais fonde aujourd’hui These Hidden Hands avec un ami ingénieur du son, histoire de saccager davantage de textures, de nappes et de beats, et peindre des toiles toujours plus crasseuses et violentes.
Offensif et efficace, métallurgique mais accessible, le tandem trouve l’équilibre parfait et nous concocte onze nuances de noir maronnasse, entre boue et ferraille. Trio d’amorce infernal, “Trelesire”, “When Told” ou “Diesel” battent le fer sans vergogne, enclenchent des rythmiques multiformes et affichent un taux de paranoïa très élevé. Même si le projet aspire à une sorte d’IDM terreuse et anxiogène, “Laika” et “Severed” n’oublient pas au passage de placer un coup de pied dans les tibias de la techno. Pour clore avec classe, THH lève un peu le pied et tempère cette noirceur que certains trouveront pompière avec une séquence émotion épique mais magistrale, l’élégiaque “Hidden”. Bande-son d’un survival en plein no man’s land ou d’un Irréversible SF, ce disque qui n’a pas peur d’en faire trop annonce une ère de tyrannie industrielle, et on est prêt à souffrir. (Thomas Corlin)
These Hidden Hands (Hidden Hundred/Modulor)