Chronique : Squarepusher – Ufabulum
On l’avait perdu de vue. Coup de bol, il s’est retrouvé tout seul. Tom Jenkinson est désormais bien loin des œuvres qui ont assis sa réputation (Do You Know Squarepusher a déjà une décennie dans les pattes), et se retrouve tiraillé entre ses envies mélodiques, son besoin régulier de démonstrativité qu’il écoule dans des disques consacrés à son jeu de basse, et sa nécessité d’expérimenter (sa tentative en groupe avec Shobaleader One n’ayant d’ailleurs marché qu’à moitié). Ufabulum le voit retrouver un équilibre qu’on pensait irrécupérable. Un retour à l’IDM pure, s’il aurait contenté une grappe non négligeable de fans, aurait été malvenu. La diversité des ambiances, liées entre elles par un aspect cinématographique et une production brute, voilà la force de Squarepusher, qui a suffisamment de cordes à son arc pour savoir lesquelles actionner en même temps sans sonner de travers.
De la hargne primale et mystique de “The Metallurgist” au mentalisme hanté de “Drax 2” ou “303 Scopem Hard” (ces noms abscons nous avaient presque manqué), il n’y a certes qu’un pas, mais lorsque celui-ci se transforme en cap dangereux à franchir sans acrobaties, ça passe sans casse. “Unreal Square”, entre hip-hop granuleux et envolées spatiales de synthèse, illustre à merveille cette prise de risque, surtout lorsque les structures partent en cacahuète à mi-morceau. Le géomètre a repris le contrôle, brillamment. (Mathias Riquier)
Ufabulum (Warp/Differ-Ant)