Chronique : Spoek Mathambo – Father Creeper
Vous aviez réussi à comprendre Spoek Mathambo en écoutant son premier album ? Grand bien vous fasse. Désolé de vous décevoir, le fil d’Ariane que vous aviez repéré dans le fouillis de ses multiples influences s’apprête à vous glisser entre les doigts. Si on trouve dans ce nouveau disque du MC sud-africain quelques idées intéressantes (et qui ont le mérite d’être un tant soit peu dangereuses), elles n’ont souvent rien à voir les unes avec les autres, et ne peuvent pas compter sur l’environnement dans lequel elles s’expriment pour tenir debout bien longtemps.
Spoek Mathambo a composé Father Creeper sur la route, invité de multiples producteurs, et balancé les cartes sans trop réfléchir, trois choix qui lui coûtent une bonne partie de l’énergie qui le caractérisait auparavant. Certes, une poignée de morceaux passera l’épreuve du temps grâce à un flow hanté et toujours aussi hors des clous (“Venison Fingers”) ou à l’aide d’une composition ambitieuse (“Dog To Bone”), mais c’est avant tout une sensation d’inconfort qui nous habite. À croire que c’est sacrément balèze de passer son agrégation de marginal musical. 2012, année de la discorde pour Spoek Mathambo ? (Mathias Riquier)
Father Creeper (Sub Pop/Pias)