Chronique : Speech Debelle – Freedom Of Speech
Police partout, justice nulle part. Qu’on nous explique pourquoi l’engagement musical est une valeur quasi morte dans la musique indé d’aujourd’hui… Speech Debelle, c’est un peu la caution “poing en l’air” de Big Dada, la subdivision hip-hop de Ninja Tune… et aussi plus que ça. Freedom Of Speech reprend le combat là ou Speech Therapy l’avait laissé en 2009, avec un cran de profondeur en plus. Le timbre de miss Debelle a pris en gravité, en tempérance (l’effet Mercury Prize ?), mais aussi en colère sous-jacente aux moments où il est bon de faire gronder doucement le tonnerre (“Blaze Up A Fire”).
Plus adulte, donc moins fun, Freedom Of Speech pourrait donc passer pour une sorte de Rage Against The Machine (période Evil Empire) moderne, moins catchy, et donc potentiellement moins viable selon les codes actuels de la pop, et qui prend clairement le risque de se planter. Musicalement pourtant, l’ambiance folk/soul/hip-hop embaumant les morceaux (les senteurs se font particulièrement prégnantes sur “Angel Wings”) colle merveilleusement bien à sa chaleureuse scansion. Vous vous êtes perdus dans les boutiques de Williamsburg ? Speech Debelle vous indique la sortie. De la fraîcheur utile. (Mathias Riquier)
Freedom Of Speech (Big Dada/Pias)