Chronique : Somaticae – Catharsis
Le fracas industriel étant devenu la ligne d’horizon d’une frange de l’électronique, voici aujourd’hui Somaticae, jeune producteur français qui s’inscrit dans cette sombre tranchée. Publié par In Paradisium, son deuxième album offre une vision plus lyrique, voire gothique, que la plupart de ses pairs. Ici, pas d’architectures glacées, de surfaces planes ou de longs couloirs déserts, Somaticae aime les textures rugueuses, la corrosion et un peu de narration. Sa palette sonore et ses pieds rythmiques convulsifs rappellent directement les moments les plus crissants de Pan Sonic (“Abrupt III”), mais son emphase empêche toute sécheresse et le pousse à des élégies dark-ambient un peu folklos mais bien maîtrisées (notamment ses “Lamentations”). Assez éloignée du canon techno (seul “The Spectator” présente un beat 4/4), cette œuvre très concise semble être davantage celle d’un fan d’Alec Empire que celle d’un esthète de l’indus ascétique. Traversée par une couche de distorsion qui lui sert de fil rouge et de râles vocaux que d’autres ne se seraient pas autorisés, cette Catharsis met les mains dans le cambouis et apporte une touche à la fois plus virile et ornementée à la raideur du goût industriel du moment. (Thomas Corlin)
Catharsis (In Paradisium)