Chronique : Serengeti – Kenny Dennis III
Chronique extraite du numéro 78 de notre magazine, toujours en kiosques.
Ce n’est absolument pas le cas de tout le monde, mais il en est certains qui font du bien au hip-hop, beaucoup de bien. C’est le cas de Serengeti (David Cohn) qui, pour son treizième album en autant d’années de carrière, ressuscite son alter ego Kenny Dennis, personnage fictif qui pique le rap game américain en son for intérieur avec cynisme et ironie.
Quelques mois après le projet à trois têtes Sisyphus (Serengeti, Sufjan Stevens et Son Lux), une des productions les plus brillantes de l’année, l’Américain trouve encore le temps de draguer son inépuisable inspiration. Un album dense (19 titres), comme on savait si bien en faire “avant”, pour un hip-hop sobre, classe, qui transporte son spleen urbain entre esprit soul (“No Beginner”), grésillements lancinants (“Shidoshi”) et textures old-school (“Perfecto”), jusque dans les profondeurs d’instrus caverneuses, à la mélancolie brute, livrée sans artifices (“Big Betty”, “Tickled Pink”). Une année qui s’est ouverte sur Sisyphus et qui s’achève sur Kenny Dennis ne peut être qu’une excellente année pour David Cohn.