Chronique : Mo Kolours
Divisez le temps total de ce disque (33 minutes) par le nombre de morceaux (18), et vous obtiendrez nécessairement une moyenne riquiqui. Qu’importe, Mo Kolours n’est pas trop post-rock dans l’âme, mais creuse son propre sillon depuis 2011, à coups de raboteuses hip-hop et de peinture à l’huile soul. Ce type de format sonore rappelle l’influence des Beat Konducta de Madlib sur toute une génération de beatmakers, de Onra à Flying Lotus, qui “patchworkent” leur univers d’une foule de détails.
Idem pour Mo Kolours, qui décentre ses caisses claires quand il faut, et n’hésite pas à semer des samples de musique traditionnelle océanienne et de lignes de basses digitales sur le chemin. Le résultat, qui devrait être blindé de grumeaux, est non seulement homogène, mais réussit à proposer plusieurs tiroirs par morceaux, un exploit lorsque les pistes font à peu près toutes deux minutes. On aime ou pas, mais la proposition (abstract-électro-afro-soul??) est aussi solide que singulière. Gilles Peterson a l’air d’avoir choisi son camp (on aurait pu s’en douter), quant à nous, on va se le remettre, il y a encore quelques dizaines de tiroirs à consulter. (Mathias Riquier)
Mo Kolours (One-Handed Music)