Chronique : Michael Mayer – Mantasy
Certains albums ont besoin de jaillir, d’autres nécessitent plus de temps. Michael Mayer n’en a pas manqué. Cinq ans d’abstinence créatrice, pendant lesquels il s’est contenté de gérer le label Kompakt et de faire le DJ, suivis de sept mois de travail en studio, ont amené à Mantasy, officiellement son second album solo, mais, aux dires de l’intéressé, son premier “véritable” album, considérant Touch (2004) comme une simple compilation de ses productions de l’époque. Une confession lucide à laquelle on ne peut que souscrire ; la différence entre les deux disques est effectivement flagrante. Il n’est plus question de représenter un label à la mode – Kompakt – et une musique qui le fut tout autant – la techno minimale -, ni même de chercher à faire danser, Mantasy est un disque personnel, peu soucieux d’être ancré dans son époque, avec l’idée de faire partager un “voyage” à ses auditeurs. Si son inspiration principale provient, selon Mayer, des musiques de film et des “musiques qui sonnent comme des musiques de film”, on peut y entendre, subrepticement, tout ce que le producteur allemand a écouté durant les trente dernières années : techno, dub, ambient, balearic, italo-disco et soul, le tout enveloppé sous une chape de brume. Un grand disque de musique électronique hypnotique, à ranger entre le Silent Movie de Quiet Village et le More Songs About Food And Revolutionary Art de Carl Craig. (Gérome Darmendrail)
Mantasy (Kompakt/Modulor)