Chronique : Lucy – Churches, Schools And Guns
Luca Mortellaro n’est pas le plus extrême dans la frange avant-gardiste de la techno. Son label Stroboscopic Artefacts, basé à Berlin, reprend le flambeau d’une électro-tech ornementée, la remet au goût du jour industriel, mais laisse la discipline et la baston à des Perc ou des Regis. Si son nom de scène féminin a toujours évoqué davantage de légèreté et d’esthétisme que ceux de ses confrères, son deuxième album ne relève tout de même pas du déjeuner sur l’herbe.
Moins tendu et plus spacieux, il renoue curieusement avec le 4/4 que le producteur italien écartait le plus souvent : des tunnels tels que “The Illusion Of Choice” ou “The Self As Another” auraient pu être l’œuvre d’un Shifted. Mais les plus beaux pièges de Lucy sont les plus abstraits et les plus lancinants?: la rythmique et les nappes estropiées de “The Best Selling Show” semblent s’avaler elles-mêmes, alors que “Human Triage” ou “We Live As We Dream” survolent d’élégantes couches de glitchs. Dans l’ensemble, on notera un certain classicisme sur ce nouvel album qu’on aurait aimé plus ambitieux, ou du moins plus brutal. Lucy demeure un excellent architecte, mais dont la fantaisie transparaît moins que d’habitude. (Thomas Corlin)
Churches, Schools And Guns (Stroboscopic Artefacts)