Chronique : Lower Dens – Nootropics
Twin Hand Movement, premier album shoegaze honnête mais un peu tiède, ne laissait pas imaginer un décadrage aussi flou de la part de ce quintet de Baltimore. À l’heure où tous les virages stylistiques se font dans la surenchère, Lower Dens joue dans l’entre-deux, cherche son créneau, ou peut-être l’a-t-il déjà trouvé. Rien ne dépasse vraiment, on stagne dans un rock doux mais sombre, qui opère des déplacements minimes. “Alphabet Song” annonce d’entrée de jeu l’indolence de Nootropics, et sa magie bancale, irrégulière, soutenue par les vocaux détachés et androgynes de Jana Hunter. Tout passe comme un nuage, avec une grande passivité, sans trop prononcer les émotions.
Quelque chose fourmille dans le crépusculaire “Lamb”, dans l’accueillante ballade “Propagation” ou dans le bouillonnant final à rallonge “In The End Is The Beginning”, mais rien ne bouge vraiment. On croirait un toboggan dans lequel on glisse peu ou pas, un peu comme dans “Brains/Stem”, pièce krautrock centrale au climax très subjectif. On se demande finalement si Lower Dens en a trop fait ou pas assez, mais Nootropics demeure une petite éclipse qui requiert un peu de patience et un certain état d’esprit. (Thomas Corlin)
Nootropics (Domino/Pias)