Chronique : Linda Perhacs – The Soul Of All Natural Things
On rechigne souvent à donner une suite aux légendes. Le cas Sixto Rodriguez et sa gloire subite arrivée plus de quarante ans après la sortie originelle de son chef-d’œuvre longtemps méconnu, incite à la méfiance: ses récentes prestations scéniques ayant surtout été remarquées pour son état d’ébriété. Le point de départ est le même pour l’Américaine Linda Perhacs, dentiste de profession dont l’unique album de folk psychédélique (Parallelograms) est sorti la même année que le Cold Fact de Rodriguez, en 1970. Mais la suite s’annonce pour le moment plus heureuse. Rééditée en 2005, remise au goût du jour par les Daft Punk (qui ont utilisé un de ses morceaux dans leur film Electroma) ou par Devendra Banhart, qui l’avait invitée sur Smokey Rolls…, Linda Perhacs s’est laissé convaincre par Sufjan Stevens et son label Asthmatic Kitty de sortir enfin un second album. Si le psychédélisme est aux abonnés absents et qu’avec sa “River Of God” et ses photos de presse champêtres, Perhacs sonne parfois comme une vieille illuminée mûre pour l’Ordre du Temple Solaire, il se dégage de cette arlésienne une pureté touchante. Et son pouvoir mystique et sa désuétude s’avèrent vite hypnotiques. (François Blanc)