Chronique : Lescop – Lescop
Avant Lescop fut Asyl. Conservant son chant désinvolte, Mathieu (de son prénom) a chargé Nicolas Congé (fondateur aussi du duo John & Jehn) de troquer les guitares à la Gang Of Four contre des productions tutoyant Taxi Girl et Roxy Music. Boîtes à rythmes dégueulasses sous le bras, le duo monte le label Pop Noire, dont le nom se suffit à lui-même pour résumer l’esprit de sa première sortie. Coupons court au faux suspense, le premier LP de Lescop est sublime. Soutenu par ses vers télégraphiques et sa “minimal wave”, il grille la politesse à Mustang et autres Aline au panthéon des nouveaux génies français. Acéré, épuré, efficace, cet album est un collier de perles personnifiant ses névroses nocturnes : “La Nuit américaine”, “Tokyo la nuit”, “Paris s’endort”, ou le génialissime “Un Rêve” (plus Daho encore que si Daho lui-même l’avait chanté). Mais ce n’est pas fini : le somptueux “Marlène” sur Dietrich, le dramaturgique “La Forêt” et son instru parfumée façon “Always The Sun” des Stranglers, ou même “Le Vent” qui clôture ce disque en grande pompe, terminent de sceller le sort de l’artiste. Sitek en fait des remixes, Mustang des covers. Bientôt votre belle-sœur et votre ORL vont l’adorer. La France attendait ce disque depuis longtemps, et Lescop le taciturne n’a pas fini de faire parler de lui. (David de Araujo)
Lescop (Pop Noire/Mercury/Universal)