Chronique : Krazy Baldhead – The Noise In The Sky
Pour avoir parié en 2004 sur une tête chauve à mille lieues de Turbine-Ville et du dirty funk pour adulescentes pseudo-mondaines, on remerciera Ed Banger. Quatre ans après son remarquable premier album The B-Suite, Krazy Baldhead et son écurie s’évertuent à prouver que l’on peut réunir plusieurs confessions au sein d’une même chapelle. Mais sur The Noise In The Sky, le producteur prend le risque de ne pas reproduire la formule qui l’avait révélé au public. Bien que toujours tendu vers l’héritage du jazz, il abandonne un temps l’abstract hip-hop qui animait sa musique aux dépens d’excursions vers une pop synthétique, avec ce qu’il faut de distorsion. Quelques-uns seront déroutés, voire déçus par le virage entrepris. Les autres admettront qu’à l’instar de son prédécesseur, ce disque est un petit séisme, avec le sensuel “Surabaya Girl” pour épicentre.
Ici, la froideur électronique côtoie le groove des cuivres (“Amplifried”), le disque regorge de rengaines sous acide (“Slow Motion”), tantôt noires de jais (“Alexandre Platz”, “Castles & Clouds”), tantôt rose fluo. Entre house et jazz fusion (“Miles High”), entre chill-out et disco (“Empty Boy”), cet album est inclassable. Si Squarepusher avait voulu remixer le Chick Corea Elektric Band, il ne s’y serait pas pris autrement. La musique électronique française est rarement plus intelligente que lorsque Krazy Baldhead est aux commandes. (David de Araujo)
The Noise In The Sky (Ed Banger/Because/Warner)