Chronique : Kindness – World You Need A Change Of Mind
Kindness s’était distingué en 2011 pour son relifting éthéré de “Swingin Party”, vieille ballade du groupe américain The Replacements, transformée en un classique de disco mou débordant de joie fragile et de douce désillusion. Quelques mois et un buzz plus tard, Adam Bainbridge, de son vrai nom, fait état de ses capacités sur un premier long format. L’Anglais, dont on n’entend que le spectre vocal insouciant, sait enchanter : “Seod” est un grand moment de space funk détendu mais sophistiqué à la structure bluffante ; “Cyan” propose un disco doucereux et foutraque avec une élégance naturelle.
À la production, Philippe Zdar donne à ce qui aurait pu être un album de chillwave lambda un cachet ouaté et une profondeur quasi charnelle. Comme montée sur soupape, l’indie pop nostalgique de Kindness gagne en approximation, en mystère, et en tendresse. Malgré tout ce grain et cette chaleur, elle perd en personnalité dans de rares moments lorsqu’elle tombe dans le clin d’œil ironique (“That’s Alright”, aussi bien exécuté que déroutant) ou le Jamiroquai pour hipsters (“Doigsong”). World… fait néanmoins preuve de suffisamment de maîtrise et d’inspirations choisies (la house la plus hédoniste qui soit, ou certains relents d’Arthur Russell) pour qu’on ose y croire : Kindness ne sera pas l’homme d’un seul album, aussi brillant soit-il. (Thomas Corlin)
World You Need A Change Of Mind (Female Energy/Cooperative Music/Pias)