Chronique : Judah Warsky – Bruxelles
Le premier album de Judah Warsky (membre de Turzi et Chicros), Painkillers & Alcohol, était arrivé auréolé de sa petite légende. Handicapé par un accident de kebab, Warsky (droitier) avait réalisé son premier album de sa main gauche sur un unique clavier, et le goût pour les belles histoires faisant le reste, nous avions succombé à ce bizarre disque de chanson électronique, au charme propre de l’imperfection recherchée.
Deux ans plus tard, l’histoire ne nous dit pas si son deuxième album Bruxelles, toujours composé sur un seul synthé-sampler, fut travaillé à deux mains, mais à l’imprécision s’est greffé un son plus ample, orientalisant, voire reggaeton, et des rythmiques plus charpentées. Incarnant plusieurs narrateurs le long des dix pistes, Warsky rend hommage en entame à la ville-monde qu’est Bruxelles la cosmopolite, capitale de l’Europe, “ville stéthoscope”, écartelée entre Flandres et Wallonie. D’un pas lourd, puis léger, pop puis électro, menaçant puis badin, chanté puis parlé, Warsky mène son Bruxelles d’un pas troublant, qui empêche ce disque conçu en solitaire d’être adopté dès la première écoute. Bruxelles s’apprivoise avant de se laisser aimer.
Bruxelles (Pan Europan Recording/Sony Music)