Chronique : Hot Chip – In Our Heads
On les avait enterrés avec leur précédent album, One Life Stand, plus downtempo qu’à l’accoutumée, voire selon certains, carrément léthargique. Un peu trop vite peut-être. Désormais revenue de ses side-projects respectifs, la bande à Alexis Taylor et Joe Goddard signe son cinquième album, In Our Heads. Son premier sur le label Domino, qui n’a jamais autant sonné comme… DFA. On reconnaîtra à Hot Chip cet indiscutable talent : celui de redéfinir le kitsch. Dans son sens le plus péjoratif, le kitsch est un revival suranné de la période eighties, auquel les ingrédients les plus racoleurs viennent se greffer. Exemples à l’appui, lorsque le groupe quitte le dancefloor pour la chambre à coucher, on frôle allègrement le très mauvais goût. Sur quelques-uns de leurs hymnes mielleux, les violons que l’on croyait définitivement bannis de la pop reviennent à la charge (“Always Been Your Love”) au point que l’on croit parfois assister à une prestation de Sean Lennon (“Now There is Nothing”). Pire, on imagine facilement Chris Martin chanter les “wohowoho” de “Let Me Be Him” lors d’un concert de Coldplay au stade San Siro.
Oui mais voilà, ce disque est d’abord et surtout une succession de hits surpuissants (“Flutes”, “Motion Sickness”, “These Chains”, “Night And Day”, “Ends Of The Earth”). Des ritournelles aux couleurs improbables s’entrecroisent, allant chercher à gauche du côté de la deep house ou à droite du côté du funk, peu importe, le kitsch n’est soudain plus si grossier. On reconnaît même un peu de Quincy Jones dans la production de Mark Ralph sur le potentiel single “Don’t Deny Your Heart”, descendant tant attendu de “Ready For The Floor”. L’excentricité qui avait un temps frôlé l’encéphalogramme plat semble revivre. Il n’en fallait pas plus pour que Hot Chip réincarne le cool. Les cinq magiciens londoniens signent même une petite perle R&B, “Look At Where We Are”. Le temps de ces onze chansons, on pourrait bien leur reprocher tous les maux de la musique. Cependant une chose est sûre, ce groupe est à l’électro-pop ce que le baroque est au rococo. Hot Chip a repris sa place. (David de Araujo)
In Our Heads (Domino/Pias)