Chronique : Gui Boratto – Take My Breath Away
Gui Boratto aime décidément brouiller les pistes. Irisé d’un arc-en-ciel pop, son premier album Chromophobia esquissait une bouleversante odyssée polaire en terre minimale techno. Deux printemps plus tard, cet alter ego brésilien de James Holden ou Trentemøller fait un clin d’œil déroutant à Top Gun. Mais rassurez-vous, Take My Breath Away n’a rien d’une résurgence kitsch du film coupable de notre adolescence acnéique. Il relève plutôt du manifeste écologiste : des enfants affublés de masques à gaz ornent sa pochette champêtre… étrenné par deux petites merveilles uptempo ascensionnelles, le nouveau Gui Boratto multiplie les escales musicales entre dream pop (“Colors”), house progressive (“Les Enfants”), dark techno (“Opus 17”) ou réminiscences new-orderiennes (“Besides”).
Avant d’atteindre son zénith sur l’électro-pop neurasthénique de “No Turning Back”, hantée par le timbre de son épouse Luciana Villanova. Fruit exotique d’une mélancolie démesurée et d’un don néanmoins inné pour la danse, Take My Breath Away est de ces grands disques nobles dont on sait qu’on ne se remettra pas de sitôt. De ces disques infiniment émotionnels où chaque morceau crève droit le cœur sans passer par la case cerveau. (Eléonore Colin)
Take My Breath Away (Kompakt/Module)