Chronique et écoute : Carrie & Lowell de Sufjan Stevens
Chronique extraite de notre magazine numéro 81, actuellement en kiosque.
Il paraît qu’un des premiers tics dont doit se débarrasser le journaliste, c’est l’emballement excessif. C’est parfois dur, quand on connaît la discographie de Sufjan Stevens, tant son talent semble grand et large, tant la générosité qu’il met dans ses œuvres est communicative. D’ailleurs les quatre derniers albums du natif de Detroit (cinq si on compte l’EP d’une heure All Delighted People) sont formidables. Cinq ans après The Age Of Adz, où il détruisait son propre héritage folk et pop en l’ébouillantant dans un magma électronique en fusion, aussi bordélique que passionnant, le voilà qui fait marche arrière.
Carrie & Lowell (des noms de son père et sa belle-mère) nous montre pour la première fois l’ami Sufjan sous un jour un peu radin. Un album de folk, dépouillé, charmant par moments, mais sans débauche d’idées, sans démonstration d’aisance, où la puissance des thèmes (la mort de sa mère qu’il n’a que peu connue à cause d’une maladie mentale) peine à transparaître. Un mauvais album de Sufjan Stevens reste une belle œuvre, difficile de ne pas fondre sur “4th Of July”, mais Carrie & Lowell est un Stevens mineur.