Chronique : Echologist – Storming Heaven
Producteur américain peu représenté en Europe, Brendon Moeller forge depuis deux décennies une techno souvent noire, à dominante dub, mais qui privilégie le béton à la vapeur. Sous son identité d’Echologist, il commet aujourd’hui un troisième album monolithique et parfois étouffant, sorte de traversée souterraine de Robert Hood à Shifted, qui porte la trace de la secousse industrielle qui traverse actuellement la techno.
C’est “The Frequency Of Love” qui nous accueille dans la warehouse, et si l’on s’en tient au titre, l’amour a pris un goût bien métallique et connu une sacrée baisse de température. À partir de là, s’enchaînent tunnels déserts (“Guilty Pleasures”), clapotis analogiques (“Next Time”), coups de pression (“M13+DPO”) et vols au-dessus d’une jungle de tôle (le morceau-titre). Sur 90 minutes (!), Moeller laisse parfois un peu respirer et lâche quelques tracks moins intimidants (“Down The Rabbit Hole” ou “Tricks Of The Shade” auraient pu figurer sur une version plus raide du Karezza d’Issakidis). Mais c’est quand il retient le pied techno et maintient le suspense sur un enchevêtrement synthétique qu’il tape le plus juste (“Lost”). Un peu trop copieux, Storming Heaven rassasiera en tout cas quiconque aime la techno taillée dans le plomb, et constitue un très beau catalogue du genre. (Thomas Corlin)
Storming Heaven (Prologue)