Chronique : Bill Callahan – Dream River
Impossible d’écouter “The Sing”, le morceau qui ouvre ce quinzième album studio de Bill Callahan (ex-Smog), sans penser à Lambchop, et plus précisément à Kurt Wagner. Tous deux labourent d’une voix jaunie le même sillon country-folk depuis un quart de siècle. Chacun à sa façon, bien sûr, mais cette complainte de pilier de bar (d’hôtel) pourrait aussi bien trouver son inspiration à Austin, TX qu’à Nashville, TN.
Bill Callahan mêle à l’économie percussions, claviers, flûtes et guitares dans une ambiance feutrée, esquissant des vignettes tour à tour impressionnistes (“Javelin Unlanding”) et réalistes (“Small Plane”) qui reviennent le plus souvent à la nature représentée sur la pochette. La sensation de plénitude procurée par le vol des oiseaux semble être un motif récurrent chez lui (l’aigle de “Ride My Arrow”, l’albatros de “Seagull”), tout comme la rivière imaginaire qui donne son titre au disque. Ajoutez-y les trois chansons qui évoquent une saison dans leur titre, et il apparaît clairement que le passage du temps préoccupe notre homme. À 47 ans, au sommet de son art, ce raconteur peut voir venir : son fringant aîné affiche à peine 55 piges. (Benoît Repoux)
Dream River (Drag City/Modulor)