Chaleur, musique électronique (mais pas que) et accent du sud au Tilt Festival
Cette année, le Théâtre de l’Archipel avait choisi de profiter du long week-end de l’Ascension pour organiser la quinzième édition de son Tilt Festival, s’étalant sur quatre jours. Direction Perpignan donc, ville typique du Sud avec son centre historique aux bâtiments colorés à dominance ocre, sa chaleur parfois étouffante quoiqu’agréable et son cadre reposant, avec un programme chargé. Car le Tilt est bien un festival au sens propre du terme, avec ses différents lieux à découvrir et ses journées marathons si l’on veut profiter de l’expérience à 100%. Un festival accessible surtout, grâce à la gratuité d’une bonne partie des festivités organisées : les befores sur la plage dès 13h avec des performances locales voire internationales – avec la Française CloZee le samedi par exemple, plus connue aux Etats-Unis qu’ici -, des expositions et les apéros sur la terrasse d’Elmediator, salle qui accueillait la majeure partie des concerts payants et des « gros » artistes la nuit tombée.
Car il y avait bien de quoi combler les fêtards du soir avec des têtes d’affiches électroniques et quelques performances vraiment mémorables. Superpoze, déjà, qui ouvrait la soirée du samedi dans le Grenat, superbe salle principale du Théâtre de l’Archipel. Assis ou debout, les personnes présentes auront toutes passé un magnifique moment au côté de Gabriel Legeleux pendant une bonne heure. Le bonhomme a vraiment gagné en maturité depuis ses débuts et n’est plus très loin d’un Jon Hopkins ou d’un James Holden. Jacques aussi a livré une prestation solide avec son live improvisé toujours différent mais jamais barbant. Même lorsque son ordinateur s’éteint après trente minutes de concert, l’artiste s’en amuse, fait des blagues et retourne même le malencontreux épisode à son avantage, faisant presque naître l’idée que tout ceci était préparé. Avec Jacques, il faut toujours se méfier ! Vitalic enfin qui était venu avec son ODC live et qui a claqué tout le monde, visuellement surtout. Définitivement le clou du spectacle de ce festival avec une salle pleine à craquer de personnes venues là pour lui.
Même si le Tilt se revendique festival électronique, il y avait aussi cette année quelques entorses à la règle et franchement, elles étaient bienvenues ! Surtout le live envoûtant et poétique de Bachar Mar-Khalifé, accompagné sur scène de trois musiciens maîtres de leur art et de leur instrument. Que ce soit les assis du fond de salle ou les danseurs du devant, chacun a pu prendre conscience de l’immense talent du producteur, chanteur et pianiste libanais. Réécouter le morceau « Layla » nous donne encore des frissons quelques jours après, tant le moment fut grandiose… Quant à Guts, autre entorse dans un registre hip-hop, ce fut un excellent moyen de débuter la soirée du jeudi. Le beatmaker avait décidé de venir avec un live band pour cette fois-ci et ça donne un show plein d’énergie en bonne compagnie : le rappeur américain Adam Turner alias Beat Assailant et Wolfgang Valbrun, le chanteur d’Ephemerals, étaient notamment de la partie.
Après trois jours de fête, de plage et de soleil, difficile d’avoir encore des forces, on le confesse. Et le Tilt l’a dailleurs bien compris puisque le dimanche était réservé aux kids. On a quand même été faire un tour sur le parvis du Théâtre de l’Archipel pour voir les enfants se déhancher sur de la deephouse de midi à 18 heures en plein soleil, pendant que d’autres étaient venus en famille avec un pique-nique. Ambiance détente donc, même si les minots étaient eux plein d’énergie. Il en fallait pour s’essayer à l’ensemble des jeux mis à disposition : certains en bois, d’autres en métal regorgeant d’inventivité et qui ressemblaient parfois à de véritables constructions qui ont d’habitude leur place dans d’obscures galeries d’art contemporain. Une vraie salle d’arcade oldschool à ciel ouvert… Et une agréable façon de clôturer un festival définitivement grand public, décalé, accessible et de regagner Paris le sourire aux lèvres et le sac à dos rempli de souvenirs.
Meilleur moment : La standing ovation pour Bachar Mar-Khalifé et son hommage durant le rappel à la grève de la faim que mènent actuellement des prisonniers palestiniens en Israël.
Pire moment : Le show anecdotique du duo French Fuse, découvert grâce au buzz de ses parodies de publicités mais dont on se serait bien passé.