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22 mars 2021

🔊 Cet album de Lion’s Drums enregistrĂ© au sein d’une tribu en pleine jungle colombienne

par Théo Poddevin

Lion’s Drums, qu’on connaĂ®t aussi sous son projet Abstraxion, livre un album tout droit sorti de la jungle colombienne, intitulĂ© du mĂŞme nom que la tribu qui l’a accueilli : Kagabas. Conçu Ă  partir de field recordings, ce disque inspire le voyage et le besoin de reconnexion avec la nature dans notre Ă©poque hyperconnectĂ©e.

Harold, alias Abstraxion, alias Lion’s Drums, est un nom français qu’on entend rĂ©sonner depuis maintenant plusieurs annĂ©es dans le paysage Ă©lectronique international. Pour dire, on vous en parlait dĂ©jĂ  en 2016 et mĂŞme en 2014. Fondateur du label Biologic Records, qu’il co-gère avec le Belge DC Salas depuis 2005, une sortie notoire en 2013 sur Other People, le label de Nicolas Jaar, mais ce n’est qu’en 2018 que son projet Lion’s Drums n’Ă©clot et qu’un disque voit le jour sur le label de John Talabot Hivern Discs.

Depuis, Lion’s Drums a fait un long voyage qui l’a menĂ©, en 2019, jusqu’au fin fond de la Colombie, au milieu du peuple autochtone des Kagabas, oĂą il a enregistrĂ© cet album qui porte son nom et sort aujourd’hui. Une sĂ©rie de chants traditionnels couplĂ©s Ă  l’empreinte musicale rythmĂ©e et rugissante de cet artiste dont l’alias semble en parfaite adĂ©quation avec cet album, et dont tous les bĂ©nĂ©fices seront reversĂ©s Ă  l’association Nativa qui Ĺ“uvre pour la prĂ©servation du patrimoine Ă©cologique de cette rĂ©gion.

« Ces chants sont une manière de prĂ©server une connexion entre les humains et l’environnement. »

©DR

« En mai 2019, j’ai enregistrĂ© un album en allant dans un village autochtone Kagabas qui se trouve dans la Sierra Nevada près de Santa Marta en Colombie, nous raconte Harold Ă  propos de la genèse du projet. J’avais entendu en amont un podcast sur une radio oĂą justement un des mamas – les guides spirituels – du village parlait et lançait un signal d’alarme autour des inquiĂ©tudes qu’il voyait et qu’il sentait sur les dynamiques destructrices de notre sociĂ©tĂ©. J’avais Ă©tĂ© touchĂ© par ce que j’avais entendu et j’ai envoyĂ© un message Ă  Franz Flores de Nativa en expliquant que j’avais Ă©tĂ© touchĂ© et que je serais intĂ©ressĂ©, sous n’importe quelle forme, de transmettre ce signal, jusqu’Ă  mĂŞme venir enregistrer quelque chose. Suite Ă  ça, Franz, qui Ă©change avec eux depuis 15 ans, a transmis ma demande. Ils se sont rĂ©unis, ont validĂ© ma venue mais dans un cadre prĂ©cis, c’est-Ă -dire que je ne pouvais pas rester plus d’une semaine. Eux avaient envie de transmettre leurs chants spĂ©cifiques Ă  propos d’une connexion qu’ils ont avec l’environnement qui les entoure. » 

« Pour eux et pour moi, la musique permet aussi de bien vivre la nature, de la respecter, de la célébrer.« 

Un album oĂą la musique et la nature se connectent et nous permettent de renouer avec des valeurs d’Ă©quilibre et d’apaisement vis-Ă -vis de soi, et du monde : « Pour eux et pour moi, la musique permet aussi de bien vivre la nature, de la respecter, de la cĂ©lĂ©brer. Par exemple, la chanson avec le serpent est aussi une manière d’apaiser le sentiment de peur qui peut Ă©maner du danger que reprĂ©sente le reptile. Ces chants sont une manière de prĂ©server une connexion entre les humains et l’environnement. »

Car c’est aussi tout l’enjeu de cet album : une prise de conscience face Ă  l’urgence climatique que nous adressent ces hommes et ces femmes, rattachĂ©s depuis des milliers d’annĂ©es Ă  la nature, leur environnement quotidien, de manière directe et spirituelle : « Les Kagabas sont une communautĂ© qui existe depuis plus de 5 000 ans, tandis que la notre en tant qu’Occidentaux date de seulement 2 000 ans environ. Eux, se voient comme des grands frères. Ils ont un système indĂ©pendant qui marche et ont un rapport intĂ©ressant Ă  la nature : ils ne sont pas dans un rapport de domination vis-Ă -vis d’elle, au contraire, s’ils lui prennent quelque chose, ils vont essayer d’en rendre l’Ă©quivalent, pour ne pas perturber les Ă©changes, que ce soit entre les humains, les animaux ou la terre elle-mĂŞme. »

 

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Tsugi Podcast 313 : Abstraxion

 

©DR

« J’ai essayĂ© de faire cet album en partant avec le moins d’idĂ©es prĂ©conçues possibles, de rester ouvert aux choses qui pouvaient arriver.« 

C’est aussi un retour Ă  l’humilitĂ©, en tant qu’homme et vis-Ă -vis du monde naturel si prĂ©cieux qui nous entoure. On le ressent dans le rĂ©sultat comme dans le processus de crĂ©ation de cet album. Une ouverture totale pour une reconnexion par la musique : « J’ai essayĂ© de faire cet album en partant avec le moins d’idĂ©es prĂ©conçues possibles, de rester ouvert aux choses qui pouvaient arriver. »

©DR

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