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2 novembre 2022

C’est bon ça y est, on peut arrêter les frais avec Kanye West ?

par Corentin Fraisse

Sale temps pour Ye. Et c’est plus que justifié. Après des allusions ainsi que des propos ouvertement antisémites, le rappeur et producteur Kanye West a perdu de nombreux contrats et une part importante de sa fortune. Des événements qui cristallisent la phase « roue libre » du producteur et ses problèmes de santé mentale.

Alors… Il y a beaucoup d’éléments dans cette histoire. Depuis peu Kanye West se prend un retour de bâton -pratiquement- sans précédent. Son entourage et ses collaborateurs le lâchent un par un. Par exemple Ari Emanuel, l’une des personnes les plus influentes à Hollywood, aurait appelé toutes les entreprises à rompre leurs liens avec Kanye West, notamment Apple, Spotify et Adidas.

En quelques jours, à la suite de ses diatribes antisémites :

  • Plus de contrat avec Adidas
  • Plus de contrat avec Balenciaga
  • Comptes Twitter et Instagram suspendus
  • Abandonné par son avocate Camille Vasquez
  • Lâché par Def Jam
  • Lâché par l’agence CAA qui gérait ses tournées depuis 2016
  • Liens rompus avec Vogue
  • Documentaire annulé
  • Chute de ses streams de 23% (chiffres au 25 octobre)
  • Son école privée ‘Donda Academy’ ferme ses portes
  • Il n’est plus milliardaire et voit sa fortune passer autour de 400 millions de dollars

Où tout cela a-t-il commencé ? Et bien, le point d’accroche semble être ce 3 octobre, où le rappeur organise un défilé pour sa marque Yeezy. Il se pointe avec un t-shirt floqué d’un « White Lives Matter », slogan créé par les suprémacistes blancs en réaction au mouvement « Black Lives Matter ». Cela provoque -logiquement- l’incompréhension de la communauté noire américaine. Pour répondre, Kanye a profité de plusieurs interviews, notamment chez Clique et sur Fox News.

Durant ces entretiens, il se dit en croisade contre certains médias qui ont « un agenda où Dieu n’a aucune place », que « leur sketch ne marche plus », et qu’ils tentent de lui donner le rôle du fou. Concernant le t-shirt ? « J’ai écrit que les vies blanches comptent, parce qu’elles comptent, tout simplement. Ceux qui nous ont volé notre identité et qui nous ont catalogué comme une couleur nous disent ce que ça signifie d’être noir […] À un moment, je voyais des gens blancs porter des t-shirts « Black Lives Matter », comme s’ils me faisaient une faveur de le porter pour me rappeler que ma vie comptait. Comme si je ne le savais pas. Donc je voulais rendre cette faveur aux blancs ».

Dans la foulée, Kanye West lâche les chevaux en deux temps : d’abord il explique que le Planned Parenthood (équivalent de notre planning familial) a été créé par le Ku Klux Klan pour « contrôler la population juive », puis en dévoilant des captures d’écran issus de conversations avec le rappeur P. Diddy, que Kanye accuse d’être un agent à la solde des « jewish people » : il lui assène (voir cap. écran ci-dessous) « je vais t’utiliser comme exemple pour montrer aux juifs qui t’ont dit de m’appeler que personne ne peut me menacer ou m’influencer. Je t’ai dit que c’était la guerre ».

kanye instagram

Kanye a continué à poster sur ses réseaux sociaux, notamment sur Twitter où il a interpelé Mark Zuckerberg avec une allusion douteuse (le créateur de Facebook et propriétaire d’Instagram est de confession juive). Il a même posté -avant que ce ne soit rapidement supprimé- qu’il allait « passer en mode Defcon 3 contre les Juifs ». C’est déjà beaucoup trop, et ça ne s’arrête pas là. Le rappeur a tenté de racheter la plateforme Parler, réseau social de l’extrême-droite américaine. Lundi 17 octobre, Parler Technologies et son PDG George Farmer ont confirmé un protocole de vente. Kanye West a commenté de son côté : « dans un monde où les opinions conservatrices sont considérées comme controversées, nous devons nous assurer que nous avons le droit de nous exprimer librement. »

On connaît les nombreuses frasques de Kanye West depuis plusieurs années. On ne peut qu’énumérer ses accointances avec Donald Trump, sa candidature à l’élection présidentielle américaine, ses accusations contre Bernard Arnault et LVMH d’avoir « tué Virgil Abloh« , ses insultes répétées à son ex-femme Kim Kardashian et à son nouveau copain… Mais aussi son interview en 2018 sur Fox News (déjà) où il affirmait que « l’esclavage [était] un choix ».

Malgré tout le respect qu’on peut avoir pour la carrière musicale de Kanye West, pour ce qu’il a accompli en tant que rappeur et producteur dans une industrie qui ne voulait pas de cette double-casquette, tout n’est pas pardonnable. L’excuse « c’est un génie, alors il est un peu fou » ne prend plus non plus. Bien sûr, on sait les problèmes psy que Kanye West rencontre (il souffre notamment de troubles bipolaires). Ces troubles doivent être pris en charge sérieusement. Et ce genre de diatribes offensantes, qu’elles soient racistes ou antisémites, n’ont leur place nulle part. Evidemment, ne tombons pas dans l’extrême inverse pour verser dans la psychophobie, en mettant tous les gens atteints de troubles mentaux dans la catégorie « ingérables comme Kanye ».

Le rappeur ne semble pas s’être apaisé, puisqu’il y a deux jours à peine, il déclarait ceci :

Peut-être les médias pourraient-ils arrêter de l’inviter en interview ou du moins penser à un cadre, ou même arrêter de le célébrer ? Le cas Kanye West est un exemple parfait du débat « séparer l’homme de l’artiste » : ce sera un grand « non » pour nous. Tout n’est pas excusable, loin de là.

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