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4 mai 2022

Ce producteur se vante de son invention qui va « révolutionner » le vinyle

par Antoine Gailhanou

De retour comme leader du marché physique, le vinyle n’a, au fond, pas bougé depuis plusieurs décennies. Pour le guitariste country T Bone Burnett, il faut passer à autre chose : un nouveau produit qu’il a baptisé « Ionic Originals », croisant CD et vinyle. S’il promet une révolution sonore, on attend avant tout de l’avoir dans les mains.

Malgré son retour, l’analogique stagne. Le format vinyle n’a que très peu évolué, et même les usines de pressage restent rares, malgré une demande en hausse. C’est face à ce constat que T Bone Burnett entend créer une révolution. À 74 ans, le guitariste et producteur est une référence en termes de country et folk. On l’a vu aux côtés de Roy Orbison, Elvis Costello, Bob Dylan, Elton John ou Robert Plant, ainsi que superviseur musical sur les films O’Brother, Inside Llewyn Davis ou la série True Detective. Bref, c’est armé de ce prestige qu’il présente le « Ionic Originals », nouveau format de disque, selon lui « la première innovation dans le son analogique depuis plus de 70 ans ».

L’effet d’annonce est alléchant. Mais faut-il y croire ? Ce que l’on comprend, c’est que le disque est en aluminium, recouvert d’une laque sur laquelle est gravée le sillon. Pour le moment, difficile de savoir si on pourra l’écouter sur une platine classique. Si le principe est le même, Burnett parle d’une lecture à l’aide d’un stylet, et non pas d’un diamant. Dans tous les cas, il s’agit selon lui du « pinacle de l’enregistrement sonore. C’est de la qualité d’archive. C’est à l’épreuve du temps ». Pour le prouver, il a même invité son vieil ami Bob Dylan à réenregistrer ses chansons iconiques (sans plus de précisions) pour en faire le tout premier disque dans ce format. Le guitariste a même lancé sa propre compagnie pour les vendre : NeoFidelity Inc. En revanche, on n’a encore aucune idée de la date de sortie du projet.

 

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On peut saluer la tentative d’apporter du neuf. Et en ce qui concerne la qualité du produit, on ne pourra juger qu’en l’ayant dans les mains. Mais il y a tout de même de quoi douter. Déjà, le discours autour du produit reste très flou, et on peine à voir le côté révolutionnaire de la chose. Au-delà de formules creuses, Burnett insiste sur la qualité de l’analogique d’une façon très dogmatique (« le numérique est froid, l’analogique est vivant ») voire à côté de la plaque (« l’analogique a plus complexité harmonique »). Mais surtout : à qui s’adresse un tel produit ? Quel usage peut-on en faire ? Les jeunes (qui sont, rappelons-le, les principaux acheteurs de vinyles) ont-ils vraiment envie de remplacer l’habituelle galette, déjà bien installée dans son domaine ? Ce projet n’arrive-t-il pas en retard, alors que la haute qualité se démocratise dans les plateformes de streaming ? Beaucoup de questions, assez peu de réponses.

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