Ça sort aujourd’hui : vendredi 26 juillet
C’est vendredi, c’est jour de sortie ! Vu qu’il est parfois difficile de s’y retrouver avec tous les disques qui sortent chaque semaine, Tsugi a décidé de vous faciliter la tâche en vous faisant une petite sélection de galettes – LPs et EPs confondus – qui viennent de paraître et qui nous font vraiment envie : c’est le “ça sort aujourd’hui”. Voici donc de quoi accompagner votre weekend avec le minimalisme de Ada Kaleh, la house lo-fi de DJ Counselling, le classique angoissant de Clark ou les techno de Ryan Eliott et Hot Since 82.
Hot Since 82 — 8-track [Label]
Deux ans de repli. Conçu dans des tumultes d’une tournée et d’expériences personnelles difficiles, 8-track est le nouveau manifeste de Hot Since 82 en tant que producteur. Conservant ses éternelles influences techno et house, le Britannique produit certes un disque taillé pour les dancefloors. Mais il semble également en recherche constante de profondeur, de diversité et de sincérité pour produire un album sensible et personnel. Les mélodies vocales se font plus émotives et sont nourries par l’histoire récente de Daley Padley : « Les recettes de cet album seront versées à « Mind », un organisme de bienfaisance qui s’engage à soutenir les personnes dans le besoin en offrant un soutien de qualité afin que personne ne se sente seul face à des problèmes de santé mentale. C’est une cause qui me tient particulièrement à cœur, car j’ai perdu un ami cher qui en souffrait », explique-t-il dans un communiqué. Un disque réussi construit dans la douleur.
Clark — Kiri Variations [Throttle Records]
Petit détour vers le classique. Ou l’horreur. Ou la beauté ? Que dire du nouvel album de Clark, si ce n’est qu’il repousse les frontières entre les genres ? « Forebode Pluck », sa voix et ses notes de piano ouvrent Kiri Variations sur un air féérique, non sans dissimuler une vicieuse sensation d’angoisse. Tout l’album est ainsi construit sur cette dualité entre le léger et le grave, l’onirique et l’angoissant. Ou plutôt, sur une double dualité. À celle mentionnée s’ajoute en effet une dialectique entre les instruments comme le piano, le clavecin ou encore la clarinette d’un côté, et les jouets électroniques de l’autre ; on perçoit par exemple très bien cette opposition — ou cette harmonie ? — sur « Bench », troisième extrait du disque. Kiri Variations incarne en somme un conte glaçant, mais magistral, à la frontière entre plusieurs mondes.
Ryan Elliott — The Introduction EP [Faith Beat]
« Please allow me to introduce myself ». Ryan Elliott, DJ résident au Berghain, enfile sa casquette de producteur pour livrer un EP sur son nouveau label Faith Beat. Ouvert par six minutes de rythmes progressifs, de textures fines et de notes énigmatiques, The Introduction EP couche sur quatre morceaux une techno léchée et protéiforme. Le synthé presque arabisant de « Snake Charmer » qui glisse sur des percussions nerveuses, la mélodie détraquée de « Climb The Ladder » ou le retour au minimalisme, la profondeur et au mystère sur « Get To You » en font une très belle carte de visite pour cet Américain basé à Berlin. Ce n’est pas qu’une introduction ; les choses sérieuses ont déjà commencé.
DJ Counselling — Tomorrow’s World [SoSure Music]
Cette sortie se destine à tous les amoureux du vocoder. Tomorrow’s World du Britannique DJ Counselling démarre avec un morceau éponyme où la place est faite à une voix mi-femme mi-robot, qui rappelle l’humanoïde mélancolique et solitaire de « Within » des Daft Punk. Avec cette house un peu lo-fi, à la limite de l’electronica sur « Really Into You », DJ Counselling plonge son auditeur dans un univers onirique et émotionnel. « One With The Sun », dernier extrait du disque, relève le tout avec une touche solaire grâce à ses synthés enjoués et ses séquences percussives. Pour un été paisible.
Ada Kaleh — Chemare Cosmică [R&S Records]
Connaissez-vous l’hypnose roumaine ? Iulian Cuculea, officiant sous le nom d’Ada Kaleh – emprunté à une petite île de Roumanie située dans le Danube – en est un talentueux ambassadeur. Basé à Bucarest et affrété par l’illustre label belge R&S, il a toutes les armes pour magnifier l’héritage électronique de son pays : les sonorités profondes, caverneuses et austères de la microhouse roumaine sont en effet réputées, popularisées par des artistes comme Raresh ou Rhadoo. Titrés en langue originale, les deux titres de ce nouveau disque sont donc squelettiques, fourmillants, intriguants : une rythmique deep house ajoutée à des écoulements de nappes et synthétiseurs sur « Chemare Cosmică », des percussions groovy et les matières sonores abrasives pour composer « »Valea ancestrală ». Tout est minimaliste, mais maîtrisé, créatif et extrêmement efficace.