Bouse du mois : Exotica – La Vierge et le Lion
La bienveillance a ses limites. N’endossons pas le costume de Montebourg musical : le label “made in France” est très loin d’être synonyme de qualité. On le savait pour le mainstream, mais c’est également vrai pour les productions à but (relativement) moins lucratif. Alors que nous avions le choix entre Sky Ferreira, Boy George ou Maxïmo Park pour désigner le vainqueur du mois, on a décidé de faire un pas de travers et d’aller taper sur les Parisiens d’Exotica. Fallait-il se montrer indulgent sous prétexte qu’il s’agit de leur premier album ? Sûrement pas vu que le duo Clara Cometti (le Lion), et Julien Galner (la Vierge), est déjà armé d’un bon CV musical. La première ayant sévi dans Koko Von Napoo et le second officiant toujours au sein des excellents Chateau Marmont. Galner est largement moins convaincant aujourd’hui en chef d’orchestre de ce énième projet synth-pop frenchy. L’option d’Exotica de jongler entre français et anglais s’avère une mauvaise idée tant elle ne fait que souligner la naïveté confondante des textes et les minauderies agaçantes de la chanteuse.
L’affaire a été scellée dès que l’on a entendu ces premiers mots langoureusement susurrés : “Quand chante le crépuscule/Cesaria tropicale (euh pardon ?) /frémit et ondule/ma colonne vertébrale.” D’ailleurs Exotica a le chic pour démarrer très fort ses morceaux comme le suivant “Petite Fusée” et sa redoutable ouverture au sax. Plus loin, “Control Freak” lorgne du côté du Madonna des débuts, le solo cheapos de synth-flûte en plus. Si leur nom se réfère à une tournée de Depeche Mode de 1994, le duo ne semble pas en avoir retenu le principal enseignement : “Enjoy The Silence”. Certes, comme le dit le dossier de presse “ils sont beaux”, mais on aurait préféré qu’ils soient très laids et qu’ils fassent juste de la bonne musique. (Patrice Bardot)
La Vierge et le Lion (Arista/Sony Music)