Voix soul et profonde, pour une musique suave et déterminée. Entre rap et chant, brisure et luminosité, mélancolie et auto-acceptation. À 27 ans Blu Samu panse ses blessures en musique avec 7, un EP lumineux… Et tout plein d’amour, qui serait « la solution à tous nos problèmes » selon la Belge aux origines portugaises, avec lesquelles elle renoue aussi dans ce disque.
« Imma rap, imma sing, imma break the whole scene ». On vous parle déjà d’elle depuis quelques temps. On a pu s’entretenir avec Blu Samu, pour une interview décontractée et pleine de love à l’occasion de la sortie de son brillant nouvel EP, sobrement intitulé 7. Amour pour les autres évidemment, mais aussi pour soi-même. Parce que parfois, tout commence par là.
Bon, comment ça va ?
Ca va très bien là j’étais en session avec Sam donc c’est cool, bonnes vibes. Pardon mais, ça ne te dérange pas si parfois je switche en anglais ? Des fois je ne trouve pas les mots.
Tu sors l’EP intitulé 7 : déjà on doit le dire « seven », « sept », « sette » ?
Moi je l’ai mis en chiffre justement pour que tout le monde puisse le dire dans sa propre langue, donc peu importe ! Certains belges pourront dire « zeven »…
De quoi parle l’EP ? D’amour ?
Pour l’EP, après avoir écrit 3 ou 4 chansons, j’ai remarqué qu’elles allaient toutes autour du thème de l’amour. Mais des versions différentes de l’amour : sur un morceau c’est l’amour paternel, « Turquoise » c’est sur l’amour de soi-même et tous ses côtés, « Amor » plutôt sur un amour perdu… Ça dévoile juste plein de versions différentes de l’amour, des choses que j’ai vécues. C’est l’EP de mes amours.
L’amour c’est un moteur pour toi ? Tu y crois ?
Je pense même que c’est la solution à tout. Depuis très jeune, j’ai toujours eu une grande confiance en l’amour. Même de manière générale, avoir un amour pour soi-même, ou un amour pour la vie. J’aime l’amour, je pense que c’est la réponse.
Dans cet EP et dans ta musique en general, y’a quelque chose entre joie et mélancolie, entre musique suave et un truc gang. Comment tu te retrouves entre ces différentes facettes ?
J’essaie de ne pas trop y réfléchir et de simplement laisser parler l’instinct, de laisser vivre ce qui s’impose. Après le confinement, quand j’ai écrit cet EP avec Sam Tiba, j’étais dans une phase très introspective. Beaucoup de gens ont eu d’énormes changements dans leurs vies, moi comprise. Je suis revenue à Anvers… Vraie période d’introspection, et c’est ce qui a peut-être rendu cet EP plus doux. Je trouve l’équilibre entre mes différentes facettes, je le trouve sans trop y penser, en embrassant les émotions. C’est aussi le sujet de « Turquoise » : ne pas juger les différentes facettes de toi et les laisser vivre.
Pour l’EP, tu as travaillé avec Sam Tiba : comment s’est passée la collaboration ?
C’était génial, la connexion s’est faite instantanément. Je suis signée chez Savoir Faire, et ils m’ont organisé des sessions avec différents producteurs. Sam était l’un d’entre eux. On s’est envoyés pas mal de messages, pour parler de ce qu’on voulait faire et pour apprendre à se connaître avant d’aller en studio. J’étais dans une période de page blanche depuis quelques temps, je réfléchissais beaucoup mais j’écrivais peu. Je me rappelle qu’il m’a envoyé ce beat… C’était tellement épique que je me suis mise à écrire directement dessus. Là j’ai su que ça allait fonctionner entre nous en studio. On a fait 4 démos en une journée, puis on a continué à travailler plus tranquillement et tout a été très fluide.
Sur quoi vous vous êtes trouvés ?
Je crois qu’on vient du même univers. Chacun vit dans son propre monde, chacun a une perspective différente sur les choses mais je pense qu’on s’est rejoints sur beaucoup de choses, qu’on concevait de la même manière. Évidemment que ça aide dans une collaboration pro, pour créer un truc qu’on aime tous les deux.
Sur l’EP tu as des influences de la musique du cap vert, y’a du morna, du fado, tu chantes en portugais. C’était un besoin de retour aux racines, ou bien tu as toujours eu ça chez toi?
En vrai, j’ai souvent eu envie d’écrire en portugais. Mais j’avais toujours l’impression que ça devait être parfait. Une sorte de pression inconsciente, un devoir de faire quelque chose de vraiment bon si c’était en Portugais. Je n’y ai pas vécu longtemps, donc je me demandais si j’aurais assez de vocabulaire. Sur cet EP, « Amor » est la première chanson que j’ai écrite en Portugais. Je me rappelle m’être dit « mais c’est mieux que ce que j’avais imaginé ». Je trouve que la manière de parler est très poétique en Portugais, ça m’a permis d’explorer la thématique de l’amour, de l’intériorité plus facilement. Dans ma tete ca été un petit déclic de « Ok je peux le faire en fait ». Je me sentais pas légitime de représenter ma part portugaise. Aujourd’hui je sens que j’ai le droit.
Le but de l’EP c’était aussi de panser tes blessures : amicales, parentales, amoureuses. Toi, tu écoutes quoi pour exorciser une relation perdue ou toxique ?
Le remède c’est souvent « Trumpets » de by.alexander avec 070 Shake si vous êtes dans une énergie bizarre, plutôt down…
Ou « Dr Seuss « de Tierra Whack, ça aussi c’est bien !
On voit de plus en plus en toi dans ton attitude, des touches de FKA twigs, de Greentea Peng… Ce sont des artistes qui ont pu t’inspirer et nourrir ta musique ?
Il y a quelques années j’ai beaucoup écouté FKA twigs. Elle est très spéciale, unique dans son être. J’aime bien cette attitude où elle fait justement ce dont je parle dans « Turquoise » : elle s’accepte complètement et du coup elle brille dans sa propre lumière. Dans ce sens-là je trouve qu’elle m’inspire, dans son attitude plus que dans la musique même. Pareil pour Greentea Peng, je connais que 2-3 tracks d’elle mais j’aime beaucoup. En fait, j’aime surtout voir les gens briller dans ce qu’ils ont d’unique, de particulier.