Avec son nouveau morceau, Squid confirme qu’il est le meilleur espoir du rock
Le quintet anglais Squid a publié le 20 mai un nouveau titre chez Warp Records, « Broadcaster », mélange de krautrock et d’électronique halluciné. Avec « Sludge », paru le 24 mars, il fera l’objet d’un 45 tours physique le 26 juin.
Quelle idée bizarre de penser que le rock est mort. Il ne fait que se réinventer, comme le prouve le quintette anglais Squid. Venus de Brighton, ils ne cessent de grimper en visibilité depuis leur premier EP en 2017 (nous tapant dans l’œil au festival norvégien by:larm en février dernier) au point de signer chez le prestigieux label anglais Warp en mars dernier. Pour l’occasion, ils révélaient le titre « Squidge », qui s’accompagne aujourd’hui d’un nouveau morceau tout aussi excellent, « Broadcaster ». Les deux titres feront l’objet d’un 45 tours physique, pressé le 26 juin.
On comprend bien ce qui a poussé le label d’Aphex Twin, Flying Lotus ou Boards Of Canada à signer un groupe de rock. Squid présente en effet un goût certain pour l’expérimentation et le bizarre. Son héritage le plus flagrant est celui des groupes allemands des années 70 : Neu!, La Düsseldorf, ou Harmonia. Beaucoup de ces groupes croisaient rock psychédélique et parfois funk avec une rythmique métronomique et répétitive, une formule qui fera les beaux jours d’artistes comme David Bowie ou Talking Heads, mais aussi des pionniers de la techno de Detroit. Les Anglais sont aussi de grands fans de Robert Wyatt, pionnier du rock progressif, mêlant jazz et psychédélisme dans des titres délirants, mais aussi de Steve Reich, compositeur contemporain fondateur du minimalisme. Un beau programme, donc.
Avec ces deux titres chez Warp, le groupe tend bien plus vers l’électronique, mais sans perdre cette ambiance psychédélique étrange. Pour « Broadcaster », par exemple, le chanteur dit s’être inspiré de l’oeuvre d’art TV Garden, de Nam June Paik. « Je pensais que cela brouillait les lignes entre une vision dystopique et utopique. J’ai imaginé ce que cela devait être de vivre comme synonyme de nature et de technologie de la manière la plus littérale que je puisse imaginer, avec des téléviseurs qui me dominent au milieu des forêts » déclare Ollie Judge, chanteur et batteur du groupe (encore une bizarrerie). En résulte un titre où Kraftwerk aurait totalement pété les plombs et se serait mis à hurler de douleur. Le chant nerveux peut rappeler Talking Heads, en particulier dans ce final complètement halluciné ou les boucles musicales s’empilent jusqu’à l’explosion. Une preuve supplémentaire que le groupe a tout pour devenir la plus belle bizarrerie du rock des années 2020.