Avec le collectif Toulouse Gouffre Club, la ville rose ne rigole plus
Le nouveau label 100% toulousain Toulouse Gouffre Club vient de sortir sa toute première compilation et prouve à la France entière que la ville rose n’est pas là pour rigoler.
Toulouse Gouffre Club, nouveau label imaginé en 2019 par Arabian Panther, rassemble toute la diversité de la scène électronique toulousaine. Les DJs qui composent le label débarquent avec huit personnalités musicales différentes. Dans cette toute première compilation Le début de la fin (TGC001), on passe par tous les styles qui font la vivacité de la scène toulousaine actuelle : EBM, italo disco, downtempo oriental, rave, dub, breakbeat, bass, IDM, techno… Mais ne vous inquiétez pas, vous ne vous sentirez pas perdu car tout est pensé pour que l’ensemble de ce Various Artist soit harmonieux. L’objectif avec cette compilation ? Mettre la scène électronique toulousaine sous les projecteurs. Et c’est réussi. Pour mieux comprendre la genèse de ce label, son fondateur Arabian Panther, DJ, artiste et producteur franco-libanais, nous raconte comment tout a commencé.
« Notre envie, c’était de mettre Toulouse sur la carte des scènes électroniques françaises. »
Racontez-nous votre histoire…
À Toulouse, les collectifs sont potes. Les relations sont plutôt bonnes. Donc, de soirées en soirées et d’organisations en organisations, on est devenu huit bons potes sans forcément faire parti du même collectif et on a vite trouvé dommage de ne pas créer quelque chose ensemble, de centraliser nos forces. De mon côté, je m’étais concentré sur mon projet perso Arabian Panther et à la base je ne voulais pas du tout me relancer dans l’associatif. Mais ça faisait plusieurs années que je voyais des producteurs et productrices chan-més à Toulouse, j’ai donc sauté sur l’occasion de créer un label.
Notre envie, c’était de mettre Toulouse sur la carte des scènes électroniques françaises. Ça fait des années que Paris y est, Lyon aussi, Marseille commence vraiment à bouillonner et Toulouse, on est un peu de côté. Ici, tout se fait un peu de manière locale. Il n’y a pas vraiment d’émulsion avec le reste de la France. Et directement après cette réflexion, le projet est né.
« On oscille entre pas mal de styles : ça peut aller du downtempo à l’EBM et même à l’italo-disco. »
Dites-nous en plus sur l’identité du projet…
C’est clairement le côté familial qui prime, on est tous des meilleurs potes et tous Toulousains ! Ce qui est intéressant dans ce projet-là et qui le rend aussi compliqué, c’est la notion de genre musical. On est une famille aux styles musicaux différents. Pablo Bozzi touche aux sonorités EBM et italo disco, Kendal progresse aussi dans l’italo, de mon côté ce sera plus du downtempo, de la techno et finalement un peu de tous les genres avec une touche arabe. Jan Loup, la seule meuf du collectif est vraiment branchée breakbeat et IDM, les gars d’ERROR508 sont du côté de la rave avec un mélange de techno-trance, et le duo Blind Delon fait pas mal de choses en coldwave, synthwave. Tous ces projets étaient séparés, il fallait vraiment les réunir en un collectif. On voulait que les gens voient en une seule release que Toulouse pèse ! Ce Various Artist est donc assez représentatif des soirées toulousaines : progressif et varié.
Comment avez-vous bossé cette première compilation ?
Ça a pris vraiment beaucoup de temps. On a commencé à s’envoyer quelques démos en 2019 et entre temps c’est devenu bien plus complexe. On recevait petit à petit les démos pendant que Kendal signait sur le label de David Vunk et que Pablo Bozzi explosait sur la scène internationale et signait sur le label de Jennifer Cardini. Donc on avait plein de démos stylées et en même temps nos artistes avaient de grosses opportunités de signer. C’est pour ça que créer cette release a pris vachement de temps. Pour la majorité, on habite toujours à Toulouse, donc les sons se sont faits dans nos studios respectifs – mis à part Pablo qui vit à Berlin depuis quelques années mais qui revient souvent à Toulouse. C’est cool de voir des mecs comme Pablo Bozzi, malgré l’effervescence qu’il y a autour de lui depuis des années, être toujours autant attaché à Toulouse et au collectif.
« Ce vinyle, c’est une promesse qu’on s’était faite avant le Covid. Avoir un objet entre les mains nous tenait vraiment à cœur. »
Sortir la compile en vinyle, c’était une volonté de votre part ?
Ce vinyle, c’est une promesse qu’on s’était faite avant le Covid. Avoir un objet entre les mains nous tenait vraiment à cœur. À la base, on était grave chaud de faire un double vinyle avec de belles covers et surtout tous les artistes dessus. Seulement le Covid a fait que l’on a eu moins de rentrées d’argent, donc on a dû revoir nos plans et concentrer les quatre premiers tracks en un vinyle et le reste en digital. C’était un peu un crève-cœur, mais de toute manière, le marché du vinyle aujourd’hui reste complexe. Entre temps, on a bossé l’identité visuelle et la charte graphique du label avec Jul Quanouai qui est un dessinateur, illustrateur et graphiste toulousain.
Et pour après, comment voyez-vous les choses, un retour aux soirées toulousaines ?
Pas mal de collectifs ont fait un état des lieux de la scène toulousaine et ce qui revient toujours, c’est qu’il y a très peu de lieux où organiser des soirées. La majorité sont des petits clubs qui pourraient ne jamais rouvrir à cause de la pandémie. Il y a quelques minis festivals qui se montent à droite et à gauche autour de Toulouse avec des jauges limitées. Le Bikini rouvre quant à lui avec un nouveau format, comme une résidence avec Kendal et son label Ritmo Fatale. Je pense qu’on aura aussi la possibilité de faire quelques événements là-bas, mais ça reste un peu flou. Pour l’instant, la notion d’événementielle, on la met de côté.
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