🔊 Avec ce nouvel album, Tirzah glisse de la club music à une captivante lenteur

par | Oct 8, 2021 | Chronique

Après quatre ans d’absence, Tirzah revient avec Colourgrade. Un album moins club que son premier Devotion mais tout aussi captivant.

Chronique issue du Tsugi 144 : Voyage sur la planète ambient, disponible en kiosque et à la commande en ligne.

Il faudra s’y résoudre, le dancefloor semble bel et bien derrière Tirzah. Si l’on pouvait encore distinguer sur son premier album une influence UK garage héritée de ses premiers maxis sortis sur Greco-Roman, son second l’éloigne définitivement des clubs pour glisser vers un territoire embrumé où la lenteur est de mise. Les thèmes abordés auraient été de toute façon peu propices à des cavalcades à plus de 120 BPM. Tazir Mastin l’a enregistré peu de temps après la sortie du remarquable Devotion, au moment où elle donnait naissance à son premier enfant et devait composer avec une tournée. Une période à la fois heureuse et stressante, euphorique et chaotique, mêlant amour et fatigue, comme le suggèrent ses textes, chantés d’un timbre toujours aussi délicat. Les jeunes parents en manque de sommeil, pas encore frappés par cette amnésie post-natale qui permet de relativiser et de se relancer dans l’aventure, comprendront.

La musique qui l’accompagne est au diapason, lumineuse, cotonneuse, lancinante, pesante, signée par son acolyte de toujours, Mica Levi, rencontrée il y a une vingtaine d’années sur les bancs de la prestigieuse Purcell School For Young Musicians, partie intégrante du projet. Tazir Mastin a souvent répété que Tirzah, c’était à la fois elle et Mica. On s’en était déjà rendu compte. La production, souvent audacieuse, compte autant que le chant dans la réussite des albums de Tirzah. Sur le premier, elle se distinguait par sa capacité à dégager beaucoup avec peu, souvent une boucle de piano et un beat offrant un R&B intimiste et singulier. On retrouve cet art de l’épure sur le second, mais cette fois le piano cède place à des sonorités plus rugueuses, textures granuleuses, craquements ou guitares distordues comme on les affectionnait dans le rock indé américain des années 1990. Une évolution qui permet d’éviter la redite. Ce nouvel album est aussi captivant que le premier.

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Tsugi 14

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