Au Foin De La Rue : bienvenue dans la jungle mayennaise
Welcome to the jungle ! Les 6 et 7 juillet, Saint-Denis-de-Gastines avait laissé place à une végétation luxuriante où se sont mêlés murs végétaux, lucioles géantes, palmiers métalliques et autres décors faits de bric et de broc. De quoi coller parfaitement au thème « Rêve de Jungle“ de cette dix-neuvième édition du festival Au Foin De La Rue qui se tenait dans la petite ville de Mayenne. Cet univers unique crée par les bénévoles à partir d’objets de récupération résume à lui seul l’esprit de ce festival atypique. Car loin des gros mastodontes, le Foin De La Rue se veut de rester un évènement à taille humaine et résolument alternatif.
Ici, place donc à un festival éco-responsable qui mise sur le tri des déchets, les toilettes sèches, les bières locales ou même un camping alimenté grâce à des mâts solaires. Le tout porté par plus de 1200 bénévoles. Dans la jungle du Foin De La Rue, cette année on pouvait aussi croiser près de 16 000 festivaliers. Une population exotique et surtout bien plus mixte que dans de nombreux autres festivals. Entre enfants, parents, jeunes et personnes âgées, l’éclectisme était de mise dans ce festival où l’accès à tous est une priorité. Avec les plateformes face aux scènes, les concerts chansignés ou les gilets SubPac qui vibrent au rythme de la musique, tout était fait pour permettre à tous de venir et de profiter dans les meilleures conditions possibles des différents concerts. Des concerts qui reflètent d’ailleurs parfaitement cette volonté de rassembler. Durant deux jours, le festival a misé sur des moments fédérateurs à l’image des têtes d’affiche Asaf Avidan et Fakear mais aussi de l’ambiance sud-américaine et festive portée par Natalia Doco ou Kumbia Boruka.
Et dans le même temps, le Foin De La Rue n’hésite pas non plus à faire place aux découvertes ou à des propositions plus pointues. A l’image de la scène du Chapiteau qui a accueilli pendant deux jours des artistes entre rap et musique électronique. Dès le vendredi, la scène s’est transformée en Hip-Hop Crypt pour laisser place à des lives tout en énergie. Début des festivités avec les Sud-Africains de Dookoom qui, malgré un public plus qu’épars, ont livré une prestation particulièrement plaisante. S’enchaîneront ensuite le Strasbourgeois Dooz Kawa et surtout Dope D.O.D qui enflammera le chapiteau avec ses beats puissants et ses flows énervés. Le lendemain, c’est Degiheugi qui prend possession de la scène. Au programme, un plateau imaginé par l’artiste originaire de la ville voisine de Laval qui a convié ses amis musiciens pour livrer une soirée entre hip-hop instrumental, sonorités jazzy, textures électroniques ou même touches de reggae. On retiendra tout particulièrement la prestation de Senbeï (moitié du duo Smokey Joe & The Kid). Fasciné par la culture japonaise, le beatmaker a livré un set bercé de samples, aussi bien musicaux que cinématographiques, pour un moment vraiment dépaysant.
Du coté de la grande scène, cette deuxième soirée était un peu plus mouvementée que la veille. La faute notamment à Vald. Atteint d’une angine, le rappeur a tout de même assuré le show et s’est imposé comme la véritable attraction phare du festival. Et c’est une foule nombreuse qui reprendra en coeur tous ses tubes, de « Bonjour » à « Désaccordé » en passant par « Eurotrap » ou « Selfie ». L’artiste a ensuite laissé place aux Bloody Beetroots (oui, le groupe est toujours bien vivant) pour un concert qui nous a replongé (pour le meilleur et pour le pire) quelques années en arrière, et à la fanfare Meute qui viendra clore le festival avec ses reprises de tubes électroniques. Pendant ses deux jours, le Foin De La Rue nous aura montré qu’il n’a rien à envier aux “grands festivals“. Que ce soit par son éthique mais aussi par sa programmation qui arrive à proposer une musique fédératrice et populaire sans oublier l’exigence et la qualité. Une formule qui a fait ses preuves depuis déjà 19 ans, vivement l’année prochaine pour souffler la vingtième bougie !
Meilleur moment : le concert intimiste et très touchant d’Asaf Avidan
Pire moment : On comprend qu’on soit en pleine Coupe du monde mais par pitié, arrêtez de chanter “La Marseillaise“ avant chaque début de concert…