Asinine : les plus jolies « ballades », le coeur lourd sur fond de digicore
On peut compter ses projets personnels sur les doigts d’une main. Pourtant Asinine n’a rien d’une débutante. Après un mini-EP sorti en début d’année, l’artiste marseillaise a dévoilé fin juin un double-titre où elle déroule un flow mélancolique, qui imprègne son travail depuis ses débuts.
« Qui c’est, cette garce dans le miroir ? », se demande-t-elle dans « C’est les autres« . Ces paroles, en forme d’autocritique teintées d’un éternel pessimisme, résonnent bien avec l’identité d’Asinine. Influencée par des productions digicore ( genre issu de l’hyperpop, auquel s’est ajouté une forte culture internet, dans les sons et dans les clips, avec un soin particulier donné aux voix). Sur des paroles mélancoliques, l’artiste marseillaise a su se construire un univers inédit dans la galaxie rap. Depuis sa première sortie, le trois-titres C’est les autres en 2022, elle s’est rapidement installée comme l’une des révélations rap et trône parmi les -encore trop peu nombreuses- icônes de la nouvelle génération féminine du genre.
Sur des basses parfois saturées (« Ballades« ) ou sur des tempos frénétiques (« C’est pas la mort (mais ça y ressemble)« ), Asinine exorcise ses maux sur chaque titre. Bloquée entre ses réussites et ses regrets, elle fait le récit de tout ça pour offrir des sons planants et addictifs. L’artiste combine astucieusement son spleen avec des prods soignées, qu’elle confie au producteur et réalisateur briacsevere depuis ses débuts, notamment dans l’EP XIII sorti en février dernier. Elle collabore même avec le beatmaker marseillais Kosei (connu pour son travail avec la nouvelle génération rap portée par La Fève, Khali ou Stony Stone) sur un morceau de son projet Spooky Season 2. On retrouve bien l’empreinte de la digicore à la 100 gecs sur le track « On voit que moi dans la city » : un autotune poussé à fond, une prod’ chargée à l’extrême et des claviers stridents.
Asinine triture les instrus comme un exutoire, emportant l’auditoire dans sa noirceur via des refrains qui restent dans la tête. Après une accumulation de petits projets, tous aussi marquants les uns que les autres, on attend maintenant avec impatience la suite de ce que nous réserve Asinine. Une chose est sûre, elle n’a pas le temps d’avoir le temps.