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23 mars 2021

✅ Artiste Tsugi à suivre : Sunareht, l’autre club music

par Sylvain Di Cristo

Il est l’un des meilleurs espoirs électroniques français : Sunareht du label Paradoxe Club vient de sortir son premier album Amorama et vous n’avez jamais entendu quelque chose comme ça. Il décroche sans hésiter sa carte membre du club très fermé des Artistes Tsugi à suivre de très près.

Vous en avez peut-être entendu parler période post-Collapse EP d’Aphex Twin (2018), pour une raison simple qui vous convaincra sans forcer à propos du jeune producteur/DJ français : Richard D. James joue du Sunareht dans ses sets. Voilà. Que retenir de plus que la validation suprême de l’un des artistes les plus avant-gardistes de l’histoire de la musique contemporaine ? Parce que oui, Sunareht, c’est une idée plutôt futuriste de la club music, et une façon de faire différente, parallèle, paradoxale… Tout comme son collectif Paradoxe Club d’ailleurs, avec Le Dom ou De Grandi qui défendent la même vision déformée, déstructurée, éclatée du dancefloor.

Sylvain Dessagne (de son vrai nom) avait déjà très tôt été repéré par Teki Latex qui les soutient, lui et le collectif, depuis leurs débuts en 2016, notamment grâce à ses livestreams Overdrive Infinity, souvenez-nous. On avait du mal à l’époque à décrire cette club music qui joue sur la pulsation et le noise gate – sans forcément de kick et pourtant terriblement efficace –, mais en 2018, quand l’artiste d’Ostgut Ton Barker sortait son maxi Debiasing, on savait qu’on tenait là au moins un son, au mieux une micro scène, et on en redemandait. Vendredi dernier, Sunareht a sorti son premier album Amorama, un « lieu futuriste où l’on va pour expérimenter des émotions » décrit-il lui-même. Le disque s’inscrit dans ce genre qui fait sa particularité et qu’on pourrait qualifier de « pulse music », une juste référence au travail de Steve Reich et en particulier au mouvement « Pulse » de son œuvre Music for 18 Musicians. Et si après toutes ces révérencieuses références vous n’êtes toujours pas convaincu de l’apport créatif du garçon dans la club music actuelle, on ne saura plus quoi faire.

« J’ai beaucoup été inspiré par les projections que l’on peut se faire de l’autre quand on échange sur Internet, entre attente, excitation, illusion et complicité virtuelle. »

Raconte-nous, que voulais-tu accomplir avec cette œuvre ?

Après mes deux premier EPs, j’ai eu pas mal de demandes pour faire un format plus long qu’à mon habitude mais, initialement, j’avais peur de ce que représentait le concept de “premier album”. C’était un exercice que je réservais pour plus tard, avec comme idée de reprendre les meilleurs éléments de mes morceaux et d’en faire des versions « parfaites » dans un futur plus ou moins lointain. C’est en travaillant sur un troisième maxi et d’autres projets à côté que je me suis rendu compte que j’avais assez de morceaux forts et que ce serait stupide de ne pas essayer d’en faire un album.

Quel était le contexte de sa production, je veux dire, que vivais-tu à côté à ce moment-là ?

Si on devait résumer cette période en quelques mots, je dirais déménagements, explorations, séparations et isolement. J’ai beaucoup été inspiré par les projections que l’on peut se faire de l’autre quand on échange sur Internet, entre attente, excitation, illusion et complicité virtuelle. L’ensemble de ces émotions m’ont amené à penser à un album autour de l’amour et des technologies.

Décris-nous un peu le processus créatif utilisé sur ce disque et en quoi est-il différent du reste de tes œuvres ?

J’ai essayé de pousser encore plus moins mes techniques et mes samples en samplant d’autres registres et en explorant de nouveaux agencements et effets. J’ai aussi joué avec des outils qui permettent de créer des lignes de synthés en prenant pour base des samples. L’idée derrière Amorama, lieu futuriste où l’on va pour expérimenter des émotions, m’a permis de trouver une couleur et une cohérence globale pendant les dernières phases de production de l’album. Notamment sur le choix des titres qui décrivent pour la plupart des activités proposées à Amorama.

Si tu dois le décrire en quelques mots à tes parents, que dirais-tu ?

Ne vous inquiétez pas, je vais bien.

Retrouvez tous nos artistes Tsugi à suivre ici

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