Angers démons à Levitation
Le week-end dernier se déroulait la sixième édition du Levitation France, festival au service d’une certaine idée du rock que certains décriraient comme « psychédélique ». Un terme un peu flou qui a le mérite de donner au festival une identité bien définie sans sacrifier la diversité de sa programmation.
Deux salles, deux ambiances. Sur la grande scène du Levitation France à Angers, Spiritualized vient de terminer son concert sur « Sail On Through », une gracieuse ballade aux couleurs gospel si douce qu’elle entraîna un câlin collectif dans le public. Quelques mètres plus loin, c’est le groupe post-punk Rendez-Vous qui vient de débouler pour clôturer le festival dans le bruit, le fracas et la sueur. Il est 1h30 et ce dernier contraste vient symboliser deux soirs de festivités qu’on imaginait moins variées.
Racines d’Amérique
À l’origine, Levitation est un festival qui se déroule à Austin, Texas, sous la houlette du groupe de rock psychédélique The Black Angels afin de réunir sur une même affiche leurs frères de son. Depuis 2013, la marque s’est exportée à Angers dans le cadre du jumelage entre Austin et la préfecture du Maine-et-Loire. Pas de tacos à Angers, mais une même idée, celle de promouvoir l’héritage de groupes 60’s comme les 13th Floor Elevators, dont la chanson « Levitation » donne nom au festival. D’ailleurs, la première chose que l’on remarque à Levitation sont les grands écrans : ici, pas de captation live des musiciens mais des projections de couleurs et des jeux de lumière pour, au choix, s’y perdre ou fermer les yeux. Dans la lignée du style Black Angels, les Américains de MIEN ont sorti la sitar à la joie des amateurs de rock cosmique. Têtes d’affiche du vendredi, The Brian Jonestown Massacre sont eux venus jouer leur rock garage lancinant avec une décontraction tout à fait contagieuse, joliment précédés par les séduisants traditionnalistes de La Luz, Holy Wave et The Blank Tapes. Jusque-là, c’était Los Angers.
Florissage européen
Et puis finalement, la carte du monde psyché s’est dilatée comme une pupille sous LSD. Les Bordelais de JC Satan ont laissé des cauchemars aux nocturnes du vendredi soir avec leur rock punk d’une bizarre monstruosité. Le lendemain, le trio Sextile a marqué les esprits de leur new-wave tribale avant que la musique électronique vienne poser ses miches sur la Maine, envahissant sans dire bonjour les deux salles du festival via la techno sombre d’Oktober Lieber, l’étonnante chanson digitale de Flavien Berger et les quatre platines sponsorisées par la NASA de Radar Men From The Moon. C’est donc déjà bien bousculés mentalement et physiquement que nous sommes arrivés au bouquet final, un parfait diptyque entre le plus beau vieux du rock’n’roll anglais (Jason « Spaceman » Pierce de Spiritualized) et l’une des formations les plus excitantes de la jeune vague parisienne (Rendez-Vous). Deux salles, deux ambiances, comme on disait. Mais un même plaisir de profiter d’un festival à l’identité si forte.