🚀 Qu’écouter après Civilisation d’Orelsan ?

par | Déc 1, 2021 | Magazine

C’était l’une des sorties les plus attendues de cette fin d’année. Le rappeur Orelsan était de retour le 19 novembre dernier avec Civilisation, se permettant de battre le record de l’album de rap le plus vendu en trois jours (94 306 exemplaires) et détrônant au passage le duo PNL. Fidèle à lui même, Orelsan nous avait présenté un premier single bien sombre « L’Odeur de l’essence », laissant présager que le rappeur âgé de 39 ans n’avait pas perdu de sa vigueur. Qu’on ait aimé ou pas, Civilisation reste une des œuvres majeures de l’artiste et cela méritait bien que l’on regarde un peu plus loin. 

  • Si vous avez aimé les références aux mangas comme dans « Shonen » : Zuukou Mayzie

Dans la culture japonaise, un shonen désigne un type de manga qui raconte les aventures d’un enfant ou d’un jeune adulte. C’est exactement de cette façon que ce premier titre a été pensé. À la façon d’un bilan, Orelsan nous embarque dans sa propre histoire : « Être le héros d’mon propre Shonen ». Une référence aux mangas qui nous rappelle Zuukou Mayzie. L’artiste sénégalais (il n’aime pas se définir comme rappeur) est bercé par le japon et l’univers des mangas. Son titre « Haku » (inspiré d’un personnage de Naruto), issu de son album Segunda Temporada, nous y embarque doucement. L’ensemble du projet, enrichi de collaborations diamétralement opposées (The Pirouettes, Timothée Joly, Freeze Corleone…) nous prouve que Zuukou a beaucoup de choses à nous dire. Côté instrus, tout y passe : lo-fi, électro, eurodance. Prometteur.

  • Si vous préférez les rappeurs qui parlent d’amour avec moins de pudeur : Moussa

Bon, soyons clairs, Civilisation n’est pas l’album le plus frontal d’Orelsan lorsqu’il s’agit de parler d’amour. Alors qu’il nous avait offert l’une des plus belles décla’ dans La fête est finie avec « Paradis », il convainc un peu moins avec « Athéna » (tant au niveau de l’instru qui semble moins travaillée que les paroles). Même constat avec « Bébéboa » dans lequel Orelsan se lance dans le récit (un peu maladroit ?) sur le supposé alcoolisme de sa femme. Il y en a un qui met les deux pieds dedans, sans pour autant nous éclabousser : Moussa. Avec ses deux singles hyper bien ficelés – « Surface » et « Cabrioli » – le chanteur nous indiquait déjà qu’il était assez à l’aise avec le sujet. L’artiste a sorti en juin dernier son premier album, Premier. On continue dans la mélancolie et la poésie.

  • Si vous voulez ré(écouter) des paroles engagées, qui dépeignent la société : « Le monde de demain » de Suprême NTM

Dans « L’Odeur de l’essence », single qui est venu teaser la sortie de l’album, Orelsan revient à ce qui fait son identité : des paroles acerbes où littéralement tout le monde en prend pour son grade (on se rappelle du très dur « Suicide social » issu de son second album Le Chant des sirènes). Avec « L’Odeur de l’essence », le rappeur dresse avec habilité le portrait d’une société qui court droit à sa perte, du système médiatique à nos leaders politiques en passant par l’éducation. Des paroles qui raisonnent avec celles du duo mythique Suprême NTM qui déjà, en 1990, nous dépeignait un monde à peu près semblable dans « Le monde de demain », qui est en fait celui dont nous parle Orelsan aujourd’hui (Vous suivez ?). Comme s’ils se répondaient l’un et l’autre, les deux titres nous rappellent ce qui fait l’essence du rap et qu’on a aujourd’hui tendance à oublier : appuyer là où ça fait mal.

  • Si vous aimez les prods disco & house comme dans « Dernier Verre » et « Bébéboa » : Michel

Sur ces deux titres, Orelsan s’aventure sur un terrain presque inconnu en apportant des instrus disco et house. Une hybridation musique électronique-rap qu’ils sont de plus en plus à tenter, avec Laylow en chef de file. Une dynamique aussi enclenchée par Michel (ou le vrai Michel) qui, depuis la sortie de ses trois albums, s’en ai fait une vraie identité. L’artiste va sans-cesse puiser dans le hip-house / electro deep venu d’Europe de l’Est et apporte un vent de fraicheur dans un univers globalement dominé par des instrus trap. Si vous avez aimé son album Le vrai Michel 2, vous allez adorer son tout dernier Presque nekete, un peu plus sérieux que le précédent mais aux instrus tout autant clubs.

  • Si vous en avez marre des paroles sombres et qu’on vous parle du monde qui s’écroule : Still. There’s Hope de Victor Solf

À l’heure où la pandémie reprend en Europe et que de nouvelles restrictions planent gentiment au dessus de nos têtes, les mots d’Orelsan, certes tristement réalistes dans cet album iraient presque jusqu’à nous donner le cafard (Ah, on ne l’avait pas déjà ?). Alors on voulait finir sur une note un peu plus joyeuse. Et cet album de Victor Solf, moitié du duo Her, s’est logiquement imposé. Après avoir perdu son ami Simon Carpentier en 2017, deux ans après avoir fondé le groupe, Victor Solf avait tenu sa promesse en sortant un album, Her, en hommage à son acolyte. Puis, après un silence volontaire, le poids du deuil encore récent sur les épaules et la pandémie mondiale, Victor Solf revient avec son premier album solo Still. There’s Hope. L’artiste nous guide à la force de son piano et de sa voix délicate et nous montre que même les moments les plus sombres peuvent nous faire devenir plus lumineux que jamais. 

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