Un week-end de folie avec… Parfait
La nuit DJ émérite tendance techno qui galope sous pseudo Parfait, Naïla Guiguet est aussi le jour une scénariste reconnue. Elle nous raconte un week‐end vraiment pas ordinaire, de la dernière cérémonie des César à un son premier all night long en Allemagne.
Cet article est issu du Tsugi 160 : Kid Francescoli / French 79, Marseille trop puissant
Vendredi 18 h : Avant la cérémonie des César, où je suis nommée dans la catégorie du meilleur scénario original pour L’Innocent, coécrit avec Louis Garrel et Tanguy Viel. J’ai passé toute la journée à stresser. D’abord, je renonce à y aller. C’est trop guindé. Ça ne me ressemble pas.
18 h 15 : J’envoie un texto à Louis (Garrel, ndr) : « Je ne viens pas, c’est trop pour moi. » Il ne me répond pas. Je me mets un gros coup de pression : finalement c’est trop con de ne pas aller. Branle-bas de combat. Mon fils est chez moi. Il faut que je l’emmène au Fort d’Aubervilliers pour que ma mère le récupère pour le garder.
19 h : Avec mon épouse, on speed pour s’habiller. On prend un taxi. Il y a des embouteillages de malade. On arrive à Aubervilliers. On jette littéralement notre fils à ma mère. On modifie la course et on prend la direction de l’Olympia où se déroulent les César.
20h15 : Tout est bouché,on est grave à la bourre et le taxi nous dépose un peu avant la salle. Évidemment on débarque en même temps que toutes les stars qui arrivent en dernier.
20h45 : On ne sait pas trop quand le prix va être remis donc je reste un peu bloquée sur ma chaise malgré une envie pressante. La cérémonie n’a rien d’impressionnant. C’est comme quand tu vas voir un match de foot dans un stade et que tu l’as déjà vu à la télé.
21 h 30 : Intervention d’une militante écolo qui a été coupée à la télé, mais que nous, on voit en direct. Elle porte un t-shirt marqué « We have 761 days left », le décompte qui nous reste avant que le réchauffement climatique soit irréversible. C’est un peu malaisant. Tu as quatre mecs de la sécurité qui l’attrapent alors qu’elle était pacifiste. La cause est hyper importante et concerne aussi l’industrie du cinéma, parce que ce n’est pas le milieu plus écolo du monde. Ça jette un peu un froid.
23 h : On remporte le César. Cela va très vite. Je monte sur scène avec Tanguy Viel et Louis Garrel, les coscénaristes. On ne parle pas. Louis fait un super discours. Après, on est propulsés derrière la scène pour répondre à des tonnes d’interviews. On nous met quand même une coupe de champagne dans la main, puis on nous propose d’aller fumer une clope. Sas de décompression, donc on se retrouve tous les trois à raconter des conneries et à faire des photos débiles.
23h15 : On nous dit : «Vous allez recevoir un César chacun mais ce soir, il n’y en a qu’un de disponible donc qui le veut gravé à son nom ? » Louis me regarde et me demande : « Tu ne voulais pas aller mixer avec ton César ? » Donc OK. Je pense que je vais arriver au Trabendo en posant mon César sur les platines, ça va être trop drôle, sauf que je me retrouve avec un truc de cinq kilos dans les mains !
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Samedi 00 h : Fin de la cérémonie, photo de groupe. Puis – sauf les stars –, tout le monde en bus, direction le Fouquet’s pour le dîner. C’est trop drôle. Avec Tanguy et ma femme, on se retrouve au fond du bus à faire les thugs avec le César.
1 h : Arrivée au Fouquet’s. On est tous morts de faim. Mais je suis végane, donc je ne mange pas grand-chose hormis l’entrée qui était à base d’endives. C’est open bar. On commence à être bien alcoolisés.
3 h 30 : On va être en retard au Trabendo. Il faut qu’on file. Et là je croise Marina Foïs et Pio Marmaï qui vont dans le XIe et qui proposent de nous déposer chez nous. Enfin à un angle près de chez nous. Faut pas déconner. J’enlève mes chaussures à talons et je me retrouve dans Paris à marcher cinq cents mètres avec mon César dans les bras.
4 h : Je me change en vitesse. Je laisse le César qui est trop lourd.
4 h 05 : Je change mon billet d’avion. Le soir, c’est mon premier all night long à Münster en Allemagne. J’étais censée partir à 13 h mais je me suis dit que c’était vraiment casse-gueule, parce que ça voulait dire rentrer pour ne dormir que trois heures. Donc là, j’enchaîne direct et je décolle vers 7 h.
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4 h 10 : On arrive en panique cinq minutes avant de jouer au Trabendo pour le back to back avec vizionn. On s’adore, ça matche bien musicalement. Une heure trente qui passe très vite. À la fin on joue à 170 BPM complètement surexcités.
6 h : Je m’enfuis littéralement pour Roissy pour prendre le vol pour Düsseldorf.
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8 h : Aéroport de Düsseldorf. Je suis un peu stressée parce que c’est mon premier all night long et il faut que je dorme et que je me prépare.
12 h : On remercie gentiment les promoteurs qui voulaient qu’on aille déjeuner avec eux. Même le dîner, ce n’est pas la peine. On se fait livrer à manger.
19 h : Je me réveille. J’ai perdu la notion du temps dans ce marathon.
23 h : Le club s’appelle Fusion. J’y ai déjà joué en octobre dernier. La vibe est folle. Ils m’ont préparé des bonbons, des fruits, du champagne. Des gens dansent derrière moi. Le club reste plein du début à la fin. Je termine à 7 h 30 en pleurant d’émotion, la pression qui retombe. Au final, je crois que j’ai été plus marquée par ce all night long que par le César !