Femmes DJs et productrices : ces initiatives pour briser le plafond de verre
Le rapport vient de tomber : l’IMS (International Music Summit) estime qu’en 2022, les femmes DJs et productrices ne représentaient que 15% des artistes à la programmation de festivals et de clubs, contre 21% en 2021. Un chiffre alarmant qu’on n’arrive pas à comprendre entièrement, tant les initiatives pour soutenir et lancer les femmes artistes dans les musiques électroniques se multiplient. État des lieux de ce qui se fait en France.
Depuis toujours (et qui l’a décidé d’ailleurs ?) notre société s’est construite autour de stéréotypes de genre. Et les musiques électroniques n’y ont pas échappées. Câbles, branchements, potards, faders, cross fader, disques durs, courbes… Trop de paramètres que les femmes n’aimeraient pas gérer. C’est évidemment faux. Mais c’est notamment pour leur rapport à la technologie que les machines de musiques électroniques sont genrées au masculin. Voilà ce qui explique, en partie, le déséquilibre paritaire dont les line-ups de clubs et de festivals de musiques électroniques témoignent. Récemment, l’IMS délivrait un rapport problématique : en 2022, les femmes DJs et productrices ne représentaient que 15% des programmations en festivals et clubs contre 21% en 2021. Le chiffre est donc en baisse.
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Pourtant, depuis quelques années, les initiations et les formations en non-mixité choisie pour les femmes et les personnes non-binaires souhaitant se lancer -ou se professionnaliser- dans les musiques électroniques fleurissent en France. On a donc décidé d’entreprendre un recensement de ces initiatives devenues essentielles pour briser le plafond de verre et se redonner espoir.
Move UR Gambettes
Move UR Gambettes est né à Grenoble, en plein confinement. Bernadette, elle-même DJ et productrice, crée cette initiative afin de rendre la pratique du mix plus accessibles, pour les personnes se considérant comme femmes ou non-binaires. Aujourd’hui, en cogestion avec l’association parisienne Act Righ, les actions de Move UR Gambettes s’étendent sur toute la France. Le dispositif propose deux modules : des initiations au mix et des programmes d’accompagnement artistique sur un an. Le but étant de créer un environnement de professionnalisation bienveillant dans les musiques électroniques à travers des ateliers de perfectionnement au mix (vinyles, CDJ) et à la production (acoustique, MAO). Mais aussi de se constituer son propre réseau et de faire ses premières scènes. En ce moment, environ 30 artistes suivent ce programme entre Grenoble, Paris, Caen, Marseille et Argenteuil. Il y en a également eu un à Bordeaux qui a donné vie au premier collectif 100% féminin de la ville : Amorce.
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Connect’HER
Projet fondé par ARA -une des trois fantastiques du collectif Bande de Filles- en 2021, Connect’HER est une plateforme accessible à toutes et à tous visant à favoriser « les connexions, l’entraide et les synergies artistiques sur la scène française des musiques électroniques ». Le site recense alors de nombreux collectifs et artistes se considérant comme femmes ou non-binaires dans le but de créer un réseau safe, prolifique et bienveillant. Connect’HER organise également des ateliers de mix et de production sur Ableton à la Machine du Moulin Rouge.
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Vénus Club
Créé pendant le second confinement, le Vénus Club rassemble une vingtaine de DJs, productrices et professionnelles des musiques électroniques. Unies par la passion commune de la musique, les vénus prônent bienveillance et sororité dans ce milieu. Alors, au fil de leurs soirées et événements, elles ont mis en place des dispositifs anti-violences sexistes et sexuelles, ainsi que des initiations au mix. Plus récemment, en septembre 2022, elles lancent un programme d’apprentissage au mix pour femmes et personnes non-binaires, Le Sillage de Vénus. L’objectif ? Inciter les femmes et minorités de genre à mixer pour compléter ces fameux line-ups. Comptez sur Bernadette, Alys et Paola pour maîtriser les platines de A à Z. Depuis la création de ce module, 24 personnes ont été formées et ont décroché leurs premières dates.
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Écoute Meuf
Rudy et Amira ont fondé Écoute Meuf pour donner plus de visibilité aux femmes qu’elles écoutaient, mais qu’elles ne voyaient pas en couverture des magazines. Une médiation culturelle obligatoire au travers de portraits et d’interviews pour donner de la visibilité aux DJs et productrices (mais aussi aux chanteuses, rappeuses, beatmakeuses…). Depuis 2020, le média né sur Instagram s’est développé et organise des soirées. Alors Écoute Meuf ce sont des rencontres, des occasions pour les artistes de se produire sur scène devant un public bienveillant et de se créer leur propre réseau.
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Barbi(e)turix
Dans la même veine qu’Écoute Meuf, Barbi(e)turix crée un espace safe et bienveillant lors de ses soirées. Depuis 15 ans, leurs événements mettent en avant toutes personnes se considérant comme femmes ou non-binaires, lesbiennes, et communauté LGBTQIA+ dans son entièreté, devant comme derrière les platines. Récemment, elles ont glissé deux productions de deux artistes émergentes, Oonagh Haines et SAPPHIST EYE, dans leur compil’ anniversaire afin de leur donner une impulsion.
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Évidemment, on rêve d’un monde où les femmes DJs et productrices n’auront plus besoin de ces initiatives pour réussir à être programmées en clubs ou en festivals. Mais on remercie ces dispositifs d’exister. On pense également aux événements et organisations qui mettent en avant les femmes et personnes non-binaires dans la musique en général comme More Women On Stage, D·I·V·A·, Les Nuits Cherchez La Femme et bien d’autres.