123 concerts, 81 confĂ©rences dans 15 lieux et tout ça sur 3 jours. ForcĂ©ment, on n’a pas pu tout voir du MaMA Festival, et il a fallu courir. Un marathon plein de dĂ©couvertes qui a tout de mĂȘme occasionnĂ© quelques contractures auditives.

Leur drapeau, un M rouge, flottait partout dans Pigalle. La Cigale, Le Trianon, Le Bus Palladium, et surtout l’ElysĂ©e Montmartre, Ă  peine rĂ©ouvert, autant de lieux mythiques de la vie culturelle parisienne qui portaient haut les couleurs de ce festival. Il y en avait pour tous les goĂ»ts niveau espace, du lieu intimiste comme le minuscule sous sol d’Au Petit Moulin, jusqu’à La Machine Du Moulin Rouge, bien connue des clubbeurs franciliens. Niveau musique, l’éclectisme Ă©tait Ă©galement la clĂ©. De Christophe Ă  Jacques, en passant par Youssoupha ou Le ColisĂ©e. On pouvait partir Ă  la dĂ©couverte d’artistes inconnus, comme serpenter dans le quartier, de salle en salle, sans risquer les dĂ©convenues. Une pratique rassurante pour le public.

L’affluence Ă©tait variable d’une salle Ă  une autre. Le concert puissant du groupe de rock français Pogo Car Crash Control Ă  La Boule noire affichait une petite queue patientant sous la pluie tant la salle Ă©tait bondĂ©e, mais les festivaliers n’ont majoritairement pas attendu la fin de la premiĂšre soirĂ©e et la techno de Madben, dĂ©ployant son talent dans une ambiance intimiste. Pas de queue, mais une visibilitĂ© trĂšs rĂ©duite lors du concert du Talisco au Backstage By The Mills tant la salle Ă©tait pleine. Dans le mĂȘme temps, La chaufferie, petite salle du sous-sol de La Machine du Moulin Rouge, Ă©tait loin d’ĂȘtre remplie pour le trĂšs bon concert de Sekuoia et encore moins pour celui du trĂšs sympathique Malca.

Du populaire et de l’unique 

Autre problĂšme causĂ© par ce public bicĂ©phale, les choix musicaux des artistes : devaient-ils s’adapter Ă  ce public Ă©clectique en rendant leur musique plus accessible ? C’est le choix qu’ont fait certains artistes. Parmi eux, les deux DJs Pfel & Greem, revenus Ă  leur amour du beatmaking avec un catalogue parfois un peu pauvre : « Crank That » de Soula Boy ou encore « Toxic » de Britney Spears en tĂȘte. Si cela semble avoir pris dans la salle bondĂ©e du Divan Du Monde, on a rapidement fait demi-tour, déçu de cette prestation que l’on sait en deçà de leurs habitudes. MĂȘme chose chez Jean Tonique qui jouait en DJ set des sons house piochĂ©s dans un catalogue trĂšs accessible et le B2B de Roche Musique, qui offrait Ă©galement un catalogue mainstream – dont du Drake – alors mĂȘme que les qualitĂ©s mĂ©lodiques du label sont indĂ©niables
 Dommage. A leur dĂ©charge, ils jouaient face au dĂ©lurĂ© Jacques, trĂšs attendu, qui a su capter l’attention des connaisseurs autant que des nĂ©ophytes. Le concert du quatuor 3Somesisters Ă©tait lui sans concession. S’appropriant la salle du Divan Du Monde, ils ont su imposer leur univers si particulier et si attirant. Un choix que l’on a Ă©galement retrouvĂ© lors du show de Throes + The Shine oĂč le groupe angolais et portugais a partagĂ© avec passion sa bonne humeur et ses rythmes dansants, dans le style unique qui les dĂ©finit. 

Le festival Ă©tait surtout l’occasion de proposer un panel d’artistes Ă©mergeants auquel les organisateurs ont fait confiance pour sĂ©duire le public. A raison concernant I Am Stramgram, vĂ©ritable coup de coeur de ce festival. Il faisait chaud dans la minuscule salle au public compactĂ© du Petit Moulin. Face Ă  la mini-foule, deux hommes : l’un Ă  la guitare, et un second Ă  la batterie – qui a rĂ©ussi l’exploit de garder un masque de T-rex pendant tout le concert ! -, ainsi qu’une peluche de dinosaure. En rĂ©sulte une pop entĂȘtante et sĂ©duisante. Autre pari : inviter Chevalien. L’univers sombre du rappeur, proche de l’ésotĂ©rique, offre l’un des concerts les plus original du festival, reste qu’il fallait s’accrocher car le tout s’adressait Ă  un public initiĂ©. On notera aussi la prestation de Haute, lumineuse dans le cadre du Carmen, suvie de Les Gordon, tout aussi rĂ©jouissant. Autre bonne surprise : le set de Cotton Claw Ă  la mise en scĂšne intĂ©ressante, les quatre DJs placĂ©s au centre du public se partageaient une table en Ă©clairant leur pad comme s’il s’agissait d’un jeu vidĂ©o Ă  quatre mains.

Pour sa septiÚme édition, le festival a su faire le lien entre tous les publics et leurs attentes respectives, proposant une vraie expérience musicale et une redécouverte de la richesse musicale de la ville, de ses salles de concerts, de son public.

Meilleur souvenir : Les stands innovations de la musique dans le coeur du Trianon, un univers plein de start-up et de bonnes idées sur lesquelles on garde nos yeux rivés !

Pire souvenir : Marcher sous la pluie battante pendant 2 jours…