L’autre passion de… François X
Extrait du numéro 94 de Tsugi (juillet-août)
Le résident de Concrete et patron du label Dement3d était aussi adolescent un prometteur joueur de tennis, qui tape encore la balle jaune quatre fois par semaine.
« Mon plus vieux souvenir de tennis c’est à Roland-Garros en 1988, à six ans, je venais de commencer à jouer et j’étais dans le stade avec ma mère qui m’avait donné le virus du tennis. Je me souviens d’avoir mangé le meilleur burger de ma vie et d’avoir vu Ilie Nastase faire le con sur un court. J’y suis retourné de 91 à 93, c’était les premières années où Nike s’impliquait dans le tennis avec Andre Agassi comme ambassadeur, je suis devenu fan malade mental d’Agassi, avec ses chaussures fluo et ses sous-shorts roses qui dépassaient. J’adorais son jeu, son comportement, son image, son tempérament, tout, du début à la fin de sa carrière. Je n’étais pas trop intéressé par les autographes, par contre ma chambre était tapissée de posters dénichés dans Tennis Magazine. La dernière fois que je l’ai vu jouer c’est quand il a gagné Roland-Garros en fin de carrière, en 99, j’avais des places dans les loges avec mon club de tennis, j’avais vu cette victoire contre Andreï Medvedev de très près.
Adolescent, je me suis mis très sérieusement au tennis, jusqu’à ce que les sorties en club mettent fin à mes ambitions, je faisais énormément de tournois, je jouais tous les jours. J’étais classé 0, c’était ma vie. J’adorais la compétition, ce sentiment d’enjeu et de dépassement. Mon gros point fort c’était mon coup droit, c’est toujours le cas, par contre ma concentration péchait beaucoup, je pétais les plombs, je balançais les matchs, etc. Je jouais avec quelques joueurs qui sont devenus professionnels comme Laurent Recouderc ou Florent Serra, qui ont arrêté il y a déjà quelques années. Puis à quinze ans, j’ai commencé à sortir et le sport de haut niveau ne tolérant pas un moindre investissement à l’entraînement, j’ai fini par lâcher. Entre 2000 et 2006, je me suis coupé du tennis ou presque, je jouais rarement. En 2005, je suis retourné à Roland-Garros où Nadal commençait à faire du bruit alors qu’il était à peine connu quelques mois plus tôt. Au début de la finale, j’étais encore pour son adversaire, Mariano Puerta, mais à la fin du match j’avais complètement changé de camp. Je suis devenu fou amoureux de Nadal, de son jeu, de sa pugnacité. Et c’est là que je me suis remis au tennis sérieusement, ce qui n’était pas toujours facile vu que je bossais dans la finance.
De 2007 à 2011, j’ai refait des tournois, retrouvé un beau classement de 2/6. Ensuite je suis parti en Suisse, parce que mon ancienne copine allait travailler là-bas, j’ai continué à m’entraîner, mais j’ai arrêté la compétition. Depuis mon retour à Paris, je continue à jouer trois ou quatre fois par semaine, mais je ne peux pas faire de tournois avec la musique à côté. Ça me fait un petit pincement au coeur.
Je n’ai évidemment jamais joué avec lui, mais je sais que Bob Sinclar est aussi accro à ce sport. Sur mon label, il y a un duo qui s’appelle Ligovskoï et l’un des deux, Nikolaï, est un mec que j’éclatais tout le temps quand j’ai repris le tennis, j’étais sa bête noire. (rires) Aujourd’hui, je ne joue qu’avec des joueurs très sérieux, des mecs qui font de la compétition. C’est marrant, je suis le cul entre deux chaises, dans la nuit, un milieu qui aime bien les excès, je suis un genre de saint, je ne bois pas, je suis sérieux, alors que quand j’étais dans le tennis, j’étais le mec pas concentré qui craquait pour un rien. Le manque de sérieux chez les joueurs de tennis français c’est d’ailleurs notre problème de toujours, les joueurs sont chouchoutés par la fédération, manquent d’ambition, de gnaque, et se satisfont d’un quart de finale à Roland Garros. Ici, être ambitieux est mal vu. »