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15 juillet 2016

Cassy : la consécration

par rédaction Tsugi

Si Cassy est née en Angleterre et a grandi en Autriche, c’est depuis son exil d’Ibiza qu’on s’entretient avec elle au cours d’une conversation Skype égayée de cris joyeux de son enfant et de tentatives d’autorité de son petit ami qui voudrait contrôler le bambin. Et si elle sort son premier album, la jeune femme fait figure de valeur sûre de la house avec quinze années de DJ-sets partout dans le monde et de résidences prestigieuses, émaillées de quelques productions et featurings vocaux. Tout a commencé dans un petit village autrichien, où elle a grandi avec un père caribéen et une mère autrichienne, “un milieu très conservateur, pas forcément accueillant pour une famille biraciale”, précise-t-elle. Dans la région, des amis de ses parents organisent un festival de jazz et certains musiciens viennent dormir chez elle, comme Archie Shepp ou Sun Ra. Très jeune, elle chante dans des chorales et dans des monastères.

Dans les années 90, Cassy déménage à Vienne pour étudier. Pile au moment où une vraie scène électronique émerge avec comme figure de proue Kruder&Dorfmeister. “Il y avait aussi les soirées Soul Seduction, où j’ai vu beaucoup jouer Gilles Peterson.” Elle commence à traîner dans le milieu de la nuit, copinant notamment avec une grande figure de la scène de cette époque, Electric Indigo, puis déménage à 20 ans à Londres pour intégrer une école d’art dramatique. “On y apprenait à travailler sur tout, sa gestuelle, son apparence, son chant, sa danse et surtout sa force de caractère. Mais je me suis rendu compte que je ne voulais pas devenir actrice. La scène musicale me semblait tellement plus ouverte et moderne que le petit milieu des acteurs.” De retour à Vienne en 1999, sa copine Electric Indigo lui propose de faire son premier DJ-set à l’une de ses soirées. “Elle m’encourageait, elle voyait bien que je me mettais toujours dans le DJ booth pour regarder comment faisaient les DJs, j’étais vraiment une éponge. Le premier soir fut terrifiant, le truc le plus flippant que j’ai vécu… enfin, juste après mon accouchement.” Parallèlement Cassy se voit proposer de chanter sur des morceaux de divers producteurs, d’abord sur un titre de Elin (plus connu chez nous sous le nom de Autorepeat) “Music Takes Me Higher” puis sur un morceau de Zombie Nation.

LA BOUGEOTTE ET LA FRENCH CONNECTION
Electric Indigo était très copine avec Miss Kittin, alors on s’est retrouvées à jouer souvent toutes les trois en Europe. Kittin vivait à Genève, je lui rendais souvent visite et traînais avec elle et son copain, qui s’occupait du label Mental Groove. J’en avais marre de jouer en Autriche, j’ai trouvé un boulot à Genève et j’ai déménagé. Miss Kittin m’a ouvert une infinité de nouvelles possibilités.” En 2003, elle déménage à nouveau pour vivre dans l’œil du cyclone, à Berlin. Cette époque est l’une de ses plus fastes créativement, elle collabore avec Mathew Jonson, Steve Bug, Swayzak ou même Ricardo Villalobos, avec lequel elle chante parfois en after.

En 2004 ouvre le Panorama Bar, qui offre une soirée à Cadenza, le label de Luciano, qu’elle avait rencontré à Genève. Il l’invite à y jouer et Cassy devient résidente du lieu. Sa carrière de DJ bien installée, elle enchaîne quelques belles sorties discographiques, dont plusieurs maxis sur Perlon et des mixes pour Ostgut Ton et Fabric. Puis la french connection reprend ses droits. “J’avais le même agent que Steve Bug et c’est comme ça que j’ai rencontré son copain D’julz, il était toujours calme et silencieux. Je croyais qu’il ne m’aimait pas, mais un jour il m’a invitée à jouer au Rex Club. C’est là qu’on s’est vraiment entendus, c’est devenu mon meilleur ami DJ. Notre petite sauterie au Rex est devenue régulière, à une époque où la vie nocturne parisienne était loin d’être aussi excitante qu’aujourd’hui. Le Rex reste ma résidence préférée avec le Panorama.” Elle déménage même brièvement à Paris, avant de partir pour Amsterdam où elle trouve une nouvelle résidence de prestige au fameux Trouw. Depuis Cassy est dans sa période Ibiza, d’abord résidente des soirées Cocoon à l’Amnesia, puis au Circo Loco.

L’ALBUM
Une carrière bien remplie qui explique que Cassy ne s’y prenne que maintenant pour sortir son tout premier album. Un disque qui a aussi été retardé par la rupture douloureuse de Cassy et de son mari, ingénieur du son qui l’avait épaulée dans ses premiers pas de productrice. “J’ai attendu le bon moment, de remonter la pente, il a fallu les bonnes circonstances et la bonne équipe. Je ne voulais pas faire un album qui aligne douze morceaux de house, un pur disque de club, je voulais chanter, faire un album qui s’écoute en entier.” Et si les deux premiers morceaux de Donna ont clairement les deux pieds sur le dancefloor, la suite réserve pas mal de surprises et évite de jongler uniquement entre house et techno. On y trouve notamment “Cuando”, petite ritournelle aux airs de bossa-nova qu’on imagine hommage à ses origines caribéennes, ou “Strange Relationship”, une reprise de Prince tout en funk digital enregistrée avant la mort de l’idole. Un disque varié et passionnant qui nous console d’avoir dû attendre si longtemps pour entendre Cassy sur un long format.

François Blanc

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