Rencontre avec Pedro Winter et les demi-finalistes du Villa Schweppes BPM 2016
Lancé il y a six ans, le BPM est bien plus qu’un concours : il est un tremplin pour artistes, producteurs en herbe et amateurs de musique électronique. Après des semaines de sélection passées à faire danser les clubs de France – Paris, Rennes, Nantes, Marseille, Lyon, Nancy, Lille – afin de départager les participants, le verdict est tombé : on connait désormais le nom des quatre demi-finalistes du Villa Schweppes BPM Contest 2016 : Panteone, Bloum, Silens et Straybird. Des noms qui ne vous disent surement pas grand chose pour le moment, mais cela pourrait bien changer rapidement !
Du coup, on s’est rendu au siège de Ed Banger pour leur poser deux-trois questions à l’approche des demi-finales, ainsi qu’au parrain de l’édition 2016 : l’inénarrable Pedro Winter. Pendant une heure et demie, le boss d’Ed Banger leur a prodigué ses précieux conseils, a répondu à leurs questions pratiques sur le métier et leur a fait part de son propre parcours et de ses expériences.
Tsugi/ Qu’est-ce qui t’a motivé à devenir parrain du BPM 2016 ?
Pedro : L’idée m’a fait marrer. J’en avais évidemment entendu parler puisque mes confrères Teki (Latex NDLR) et Etienne (de Crécy NDLR) l’avaient fait également. Je n’ai pas beaucoup réfléchi, je pense que c’est arrivé au bon moment; l’occasion s’est présenté et j’ai accepté. L’offre était intéressante, le package global, la communication, le fait d’avoir des dates partout en France, de voyager dans les clubs en province, c’était cohérent donc j’ai accepté.
Tu as été étonné du niveau des candidats ?
P. Etonné non, car je savais que je n’allais pas tomber sur des débutants. Ils ont chacun leur truc, et le niveau est haut. C’est baleze, ça tient la route. La preuve : on a parlé tous ensemble, toutes les performances qu’ils ont faites se sont bien passées, je pense que les gens qui vont les voir ne savent même pas qu’ils ont affaire à des débutants.
Tu penses qu’on peut trouver les petits prodiges de demain dans les tremplins comme ça ?
P. Alors, il faut faire gaffe au terme « prodige ». J’entends dans les présentations « futur de la musique électronique », etc. Je pense qu’il faut laisser les superlatifs de côté et y aller piano. Le seul conseil que je leur ai donné aujourd’hui c’est d’être patient, de vivre le truc, de se marrer, de se casser la gueule, de mettre les mains dans le cambouis mais surtout d’être patient. Donc le challenge de découvrir la future perle… on a encore le temps. Je pense que c’est bien de ne pas leur mettre la pression et à nous de ne pas être mégalos en pensant qu’on a trouvé les prochains Daft Punk. Mais je dois avouer que j’ai été vraiment emballé par certaines performances.
Tu pourrais en signer certains sur Ed Banger ?
P. Je ne sais pas, il faudrait que je réécoute. Mais en tous cas musicalement et sur scène, certains m’ont bluffé.
Salut Panteone, tu pourrais te présenter en quelques mots ?
Alors nous c’est Panteone. Je dis ‘nous’ parce qu’à la base on est deux, mais que mon comparse est en train de passer le bac et n’a pas pu venir. On est des copains d’enfance, on se connait depuis la maternelle et maintenant, on travaille à distance tous les deux car on vient de Versailles et de Tours. Sur ce projet, on se cherche encore; mais l’idée principale est que cela sonne comme de la french touch. Au niveau des inspirations, on adore Breakbot et son côté funky et solaire, on aimerait faire ce genre de morceaux mais qui bougent un peu plus. On a des influences diverses et variées : George Benson, les Doors, beaucoup de prods des années 90; beaucoup de choses différentes, c’est pour cela que je dis qu’on essaye de se trouver.
C’est quoi ton meilleur souvenir du BPM ?
Rien que le fait de participer, en soi, c’est déjà super cool. Et puis mon set au Sucre aussi, un super lieu. Pedro y a fait un DJ set, c’était génial.
Pourquoi est-ce que vous pourriez gagner le BPM ?
Grâce à mon sourire ? (rires) Non, tout simplement grâce à l’intention qu’on met derrière nos musiques.
Salut Bloum, vous pouvez vous présenter à nos lecteurs ?
On s’appelle les Bloum, on est un groupe électronique à la base et on s’aide de plusieurs outils à notre disposition comme un saxophone, une flute traversière, une guitare, de la video projection – on a un plasticien dans le groupe. On cherche à proposer un projet live avec lequel on pourra s’aider de tous les outils que l’on a à notre disposition – qu’ils soient électroniques, acoustiques, visuels, sonores… – et à partir de là, on essaye de proposer une experience qui se vivra sur scene. On aime bien se définir comme un petit laboratoire de recherche. On se retrouve par exemple dans Pantha du Prince. A vrai dire, il nous a tout pompé, c’est un peu chiant ! (rires)
Qu’est-ce que vous avez appris grâce au BPM ?
La patience ! On en a parlé avec Pedro qui nous a dit de pas nous précipiter, de prendre le temps de bien faire les choses, suivre plusieurs phases, se prendre plusieurs baches, c’est en forgeant qu’on devient forgeron…. Et puis, on a appris a se mêler au milieu de la compétition; ce n’était pas évident au depart et en fait c’est super bonne ambiance. L’esprit compétition était un peu compliqué pour nous au début et finalement, on a rencontré des gens cools, on se fait même interviewer, on a l’impression d’être des gens interessants (rires).
Qu’est-ce qui pourrait faire pencher la balance en votre faveur ? Le côté visuel ?
Nous n’aurons malheureusement pas de visuels sur scène, ils ne peuvent pas l’intégrer sur les dates du BPM. Par contre, le côté instrumental joue en notre faveur. On est la plus grosse config – même si d’autres groupes le font aussi. Après, ce n’est pas une question de taille mais plutôt de difference de son : ce sont des instruments qu’on ne retrouve pas toujours dans le milieu électro. Et lorsque l’on retrouve du saxophone dans la musique électronique, c’est rarement de la manière qu’on a envie de l’entendre…
Qui es-tu, au juste, Straybird ?
J’ai un projet qui s’appelle Straybird. Je parle de ça en tant de ‘projet’ car c’est musical mais il y a également toute une histoire d’illustrations, de contes… C’est de la musique qui m’inspire pour le voyage, du coup j’écris des contes derrière. Le conte se déroule en trois parties – soit trois EPs. Pour l’instant, je laisse les gens s’imaginer leur propre voyage et je révèlerai mon histoire après. Les contes en question sortiront en librairie. Mon but : faire voyager les gens. Dans les retours que j’ai, les gens se voient dans un désert, etc alors que moi pas du tout ! Ce qui est bien, c’est que tout le monde voyage en meme temps lors de mes sets, mais individuellement. Ce que j’aimerais faire après, c’est prendre les histoires des gens et créer des musiques par dessus ou alors que les gens m’envoient des samples et faire un gros medley de tout ça. Là encore, ce serait de l’individuel qui se transforme en du collectif.
Tu m’as l’air déjà bien investie. Qu’est ce qui t’a poussé à faire le BPM du coup ?
J’ai signé avec un label et un éditeur et ils m’ont inscrite sur tous les tremplins possibles. Je trouve ça cool car ça me fait faire des concerts partout en France, ça me fait partager avec les gens, c’est vraiment une expérience à vivre. C’est pour ça que je vis l’aventure. C’est vraiment une histoire de partage, même avec l’équipe.
Tu as retenu quoi du concours ?
J’ai pris des conseils sur des questions éditioriales, de label, etc. Et sur les dates, des notes sur la technique. On m’a bien conseillée et très bien accueillie.
Salut Silens, une petite présentation du projet en deux-trois mots ?
On est trois amis d’enfance : Sarkis, claviériste du groupe, Maxime le guitariste et Victor qui s’occupe des rythmiques et du logiciel; et on fait de la musique ensemble depuis un an et demi. Concrètement, notre musique c’est une base rythmique électronique à laquelle on rajoute le côté improvisation qui est le maître mot de notre musique. On crée une fusion musicale, ce qui manque cruellement à la musique électronique aujourd’hui qui est bien linéaire. L’entre-deux, c’est improviser mais avoir un son de studio. Sur notre prochain EP, les tracks sont structurés au début mais ont été improvisés quand on les a joués au moment de l’enregistrement. Electro-live et impro, c’est ce qui nous définit. Pour ce qui est de nos influences ? Jazz-funk, rock-blues et electro-hip hop.
Les demi-finales arrivent bientôt. Effrayés ?
On est de plus en plus à l’aise au fur et à mesure des dates. L’enjeu est important mais le plaisir est là. On n’est pas pressé, on essaye de construire notre projet sur des bases solides mais on va se donner à fond.
Pourquoi vous pourriez gagner face aux autres candidats en lice ?
On a une vraie présence sur scene. On est trois, il y a une bonne energie. Et puis, les instruments, ça marque. Notre point fort, c’est le fait qu’on ait un set qui peu changer du tout au tout. On est dans la création, dans la fusion. On est plus dans une approche de concert que de club. Le but ultime c’est d’avoir ce côté impro mais avec le son de Ben Klock.
La première demie-finale se tiendra le 16 septembre prochain à L’Autre Canal à Nancy et opposera Straybird à Silens. Agoria et Danny Daze seront également de la partie. La seconde demie-finale Bloum vs Panteone se déroulera au Magazine Club de Lille le 31 octobre. Puis, la finale se tiendra le 25 novembre prochain avec Kenny Dope et Pedro Winter aux platines !