Live report : Astropolis l’Hiver, la transe en danse
Du 10 au 12 février, on est allé vibrer à Brest pour le festival Astropolis l’Hiver ! Et le moins que l’on puisse dire c’est que cela n’a pas été de tout repos, mais furieusement enivrant.
Astropolis l’Hiver ça commence fort ! On ne savait pas que la Bretagne se situait dans un autre fuseau horaire. Il est à peine 19 heures et La Passerelle (centre d’art contemporain brestois abritant la scène Factory du festival) adopte déjà des allures de peak time. C’est le live synth-punk sauce gabber du duo Aude Vaisselle et BRAVO BÉTON! que l’on entend retentir au cœur de ce lieu immense et haut de plafond. Dans le public ? L’anarchie. Les pogos s’enchaînent, les crêtes iroquoises se balancent, Aude Vaisselle, dans un élan d’adrénaline, se jette dans le public qui le soulève, le porte et le propulse dans les airs. Il en a même perdu sa casquette ! On bouscule, on crie, on saute… Et on s’en fout. C’est la libération des corps et ça annonce le ton d’Astropolis l’Hiver 2023. Un moment hors du temps où seule la musique compte. Et les potes aussi.
Libérer les corps et les esprits
Ça y est, les esprits et les corps échauffés, il est l’heure d’atteindre le ring principal d’Astropolis l’Hiver : le Bunker Palace à La Carène. Temple des musiques actuelles à Brest où vont défiler, le temps d’un weekend, producteurs et productrices puis DJ de renom. Mais avant de commencer à chalouper, petit arrêt à la déguisothèque de la friperie 913 Ensemble. La caverne d’Ali Baba : coiffes indiennes, lunettes surdimensionnées, perruques, chemises pailletées… Ajoutez à cela une banane puis une pinte de blonde et vous obtiendrez le starter pack complet des fêtards de l’Astro. Une fois apprêtés, ils sont passés -et nous aussi- par tous les états lors du DJ-set de Lena Willikens B2B Vladimir Ivkovic. Pour cette performance de deux heures, on a pris de la hauteur. Du balcon, on peut réaliser l’ampleur de la foule. Foule qui se meut au rythme d’une track-list versatile mais extrêmement convaincante entre IDM, psychédélisme, rave 90s, downtempo, trance et bass music. La promesse de voyage est tenue pour tous ces corps en mouvement.
Le décor est posé. Astropolis, c’est une catharsis par la teuf. Élever son âme à coups de kicks et de pas de danse endiablés. Ne pas savoir danser mais se laisser porter par une ambiance générale, une atmosphère enivrante, en oubliant le regard des autres. Car il n’y en n’a pas. Et pour cela, on remercie GЯEG et Sylvère venus représenter le collectif La Créole pour la première fois à Brest. Ils ont investi Le Club de La Carène pendant quatre heures et on ne voulait pas qu’ils arrêtent tant l’ambiance était explosive. Des danseurs et danseuses infatigables qui enchaînaient des chorégraphies de voguing en se laissant saisir par la musique, pour le plaisir d’un public essayant de les imiter. Quoi de mieux que cette scène pour libérer les corps et les consciences ? La transe en danse !
Gros coup de cœur également pour le DJ-set de SPFDJ. Avec elle, aucun répit. Lunettes de vitesse parées, t-shirts retirés, les corps bondissaient au son des décharges acid, trance et hardcore. Une météorite.
Des lives d’exception
On ne vous apprendra pas qu’un festival est fédérateur. Mais l’Astro c’est un mélange de générations, à l’image d’une programmation éclectique. Des jeunes venus faire la fête, des amateurs et des amatrices de musique électronique, des enfants accompagnés de leurs parents -la relève- puis des personnes plus âgées venues profiter de l’happy hour. On a même fait une rencontre : Jean, un septuagénaire habitant le quartier est passé par curiosité voir « comment les jeunes gens font la fête en 2023 ». Et puis on a parlé de la musique. Il nous a avoué que ce qui se jouait n’était pas trop son style, et que, selon lui, la musique électronique manque d’instruments acoustiques et donc d’émotions. Une musique robotique. Pour démentir ses propos on aurait aimé l’embarquer avec nous car de l’émotion, on en a eu. Beaucoup. Astropolis l’Hiver nous a offert des plateaux live exceptionnels entraînant une réelle communion entre les artistes et le public. Et entre les artistes eux-mêmes.
Contrairement à ce que Jean pense, la musique électronique, c’est de la musique. Et ça, le duo Véronique Samsung nous l’a prouvé avec justesse ! Avec seulement deux valises de machines, une guitare et sans informatique, Clément Cosset et Tom Nominé ont délivré une performance live en improvisation -et en fonction de l’humeur du public- de leurs titres phares. Mais ce qu’on a aimé par dessus tout, c’est leur complicité : ils n’hésitent pas à se complimenter quand l’un lâche une bonne mélodie au clavier, ou que l’autre gère le drop d’une main de maître. Ils ont mis tout le monde d’accord, nous y compris. Même constat pour les potes et complices toulousains Pablo Bozzi et Kendal qui nous ont présenté leur side-project, Infravision. Au devant de la scène pour leur performance, on a été transporté pendant un peu plus de deux heures dans leur univers futuriste instigué par une sélection de tracks EBM, italo-disco et trance des années 1990-2000. On a entendu des « Je vous aime ! » hurlés dans le public. C’est les émotions !
Mais on s’est surtout égosillés pendant le live de Kittin & The Hacker. Pour l’Astro, ils nous ont emporté à leurs débuts en jouant leurs tracks iconiques. Dès les premières notes, l’assemblée chantait déjà en chœur les paroles de « Frank Sinatra », « 1982 » ou encore « PPPO » tout en criant « Allez Caroline ! » en attendant d’entendre résonner sa voix légendaire voltiger à travers la Grande Carène. Un moment de partage, entre deux références de la musique électronique et un public comblé. On a même retrouvé nos teufeurs aux crêtes iroquoises colorées et mulets bien coiffés, se balancer puis taper du pied jusqu’à ce qu’ampoules s’en suivent ! Le résultat d’un public qui a vécu cette édition d’Astropolis l’Hiver du début à la fin, inlassablement.
Meilleur Moment : Quand La Créole a fait monter le public breton sur scène au son du track de De Grandi, « La Teknoz ». Magistral.
Pire Moment : Le manque de transports face à la grève qui nous a fait louper la fameuse sieste électronique…