Streaming : entre 7 et 10 % des écoutes seraient fausses
France Télévisions vient de donner son verdict. Après avoir enquêté sur l’achat de faux streams, la chaîne nationale a découvert qu’entre 7 et 10 % des écoutes seraient factices. Acheter assez de streams pour pouvoir obtenir un disque d’or sans talent, c’est possible.
On vous parlait de ces faux artistes qui inondent les playlists de Spotify afin de se glisser dans les sélections les plus écoutées. Mais au delà de créer des artistes imaginaires, certains -qui existent bel et bien- achètent des streams pour faire gonfler leurs statistiques. France Télévisions a mené son enquête et a partagé ses tristes trouvailles. Il faudrait débourser moins de 3 000 euros pour un million de fausses écoutes, et seulement 7 euros pour 1 000 d’entre elles. Ce fléau de l’industrie du disque se retrouverait notamment dans le rap, musique la plus écoutée sur les plateformes de streaming.
Labels, attachés de presse, créateur d’un site de vente de streams frauduleux, la chaîne de télévision nationale s’est rapprochée de différents acteurs de l’industrie musicale pour parler de ce sujet tabou. Pour un attaché de presse, « dans [ses] artistes, il y en a qui le font, mais ils ne le disent pas, [il ne veut] pas le savoir. Mais [il le voit] car les vues explosent. » Un label explique ces achats illégaux par la volonté d’ « entrer dans une espèce de spirale ou de cercle vertueux du succès« . Ces faux streams permettent aux artistes d’acquérir une notoriété non-négligeable dans cette ère d’omniprésence du streaming, mais d’une manière peu glorieuse.
À chaque écoute en ligne, la rémunération et la légitimité de l’artiste ne font que croître. Via des algorithmes, tout un business s’est construit autour du filon et plusieurs sites spécialisés ont vu le jour, en vendant illégalement des écoutes factices. Bilan : d’après France Télévisions, entre 7 et 10 % des écoutes seraient frauduleuses. Soit jusqu’à une écoute sur dix. Une nouvelle ampleur du phénomène qui a des conséquences. La Sacem a déjà déposé deux plaintes pour complicité d’escroquerie. Dans l’enquête, aucun nom a été dévoilé.