BTS ARMY, Beliebers, Deadheads … Qui sont les fans les plus fous ?
Article issu du Tsugi 153
Difficile de sembler équilibré lorsque l’on dédie la majeure partie de son temps et de ses revenus à un groupe de musique qui ne vous le rendra jamais vraiment. Alors, quitte à passer pour un dingue, autant y aller à fond. Panorama des groupes de fans les plus marquants de l’histoire de la pop music.
Les plus puissants : La BTS ARMY
Avec des chiffres à donner le tournis en termes de ventes, vues et revenus, il n’est guère étonnant que le boys band BTS affiche la plus grosse fanbase au monde, revendiquant une ARMY (pour Adorable Representative MC For Youth, trop chou) de plus de 40 millions de membres. Cotisation annuelle: entre 18 et 130 euros. De quoi voir venir en cas de mauvais jours ou de retour de pandémie. Le 14 juin 2020, en plein Covid, le groupe de K-pop avait ainsi écoulé 756000 billets, vendus entre 23 et 31 euros, pour un simple concert diffusé en livestream. Record du monde.
Les plus fidèles : Les Deadheads
Prêts à les suivre sur toute une tournée, et même toute une vie, mais sans verser dans l’hystérie, les fans de Grateful Dead font un peu figure de fans idéals. Plus que de fans, il conviendrait d’ailleurs de parler de communauté, avec ses codes et son langage argotique, sorte de village itinérant qui se déplace de ville en ville, au gré des dates du groupe californien, et qui compte dans ses rangs quelques personnalités de renom telles Al Gore, Stephen King ou Nancy Pelosi. Mais on n’a rien sans rien, et pendant trente ans et plus 2500 concerts, le groupe californien s’est évertué à ne jamais jouer la même set-list deux soirs de suite, afin de ne pas lasser ses fans. Une ferveur que la mort de Jerry Garcia, le leader du groupe, en 1995, n’a pas entamée. Depuis, les Deadheads suivent tous les projets parallèles issus de leur groupe préféré.
Les plus piquants : La BeyHive
Elles sont la ruche de Beyoncé, puisque cette dernière est la Queen B, la reine abeille, en VF. Alors pour protéger leur reine, ces abeilles ouvrières passent le web au tamis à la recherche de la moindre offense contre la chanteuse. Une remarque déplacée, une fille qui semble faire un peu de gringue à son mari Jay-Z, elles rappliquent et piquent en rafale, inondant d’emojis abeille le compte Twitter ou Instagram de la personne incriminée. Taylor Swift, Kim Kardashian ou Kid Rock en ont fait les frais. Évidemment, on a connu plus violent, mais parfois ça fonctionne. Le musée de Madame Tussaud, à Londres, a dû revoir sa copie quand la BeyHive jugea indigne la statue de cire de son idole, qui, il est vrai, avait des airs de Mariah Carey sous botox.
Les plus collants : Les Beliebers
Si le fait d’avoir une fanbase fidèle ne constitue a priori que des avantages – pécuniaires, surtout –, cela peut amener parfois quelques complications. Par exemple lorsque vous avez commencé à 14 ans comme chanteur à midinettes et qu’au moment où les poils vous poussent sur le menton, vous cherchez à acquérir un peu de street credibility, de sérieux, ou que vous aimeriez juste, par confort auditif, avoir un public à la voix un peu plus grave. Alors un soir, sur scène, à Birmingham en 2016, Justin Bieber a fini par dire qu’il en avait sa claque: «Vous pouvez vous détendre ? J’ai compris, je suis à deux mètres de vous. J’apprécie l’amour que vous me portez, mais pouvez-vous l’exprimer d’une autre façon? Les cris, c’est insupportable.» Le divorce? Rien à faire. Il n’y a que le fisc qui soit plus tenace qu’un Belieber.
Les plus iconiques : La Kiss Army
Arborant le même maquillage que le groupe qu’ils affectionnent, les fans de Kiss sont sans doute les plus reconnaissables au monde. Ils constituent également l’une des premières armées de fans de l’histoire du rock, dont le principal fait d’armes fut son acte fondateur, quand deux gars de l’Indiana inondèrent de coups de téléphone et de lettres une station de radio locale pour qu’elle joue des morceaux de Kiss, alors peu connu. Gain de cause obtenu, ils aidèrent ensuite à la promotion d’un concert, furent adoubés par le groupe et finirent par rassembler au bout de quelques années 100000 membres encartés. Une Kiss Army, tout simplement parce que Kiss Fan Club, ça ne faisait pas très viril, expliquera plus tard l’un des fondateurs.
Les plus énigmatiques : Les fans mexicains de Morrissey
Il n’aura échappé à personne que ces dernières années l’ancien chanteur des Smiths a pris un virage très à droite, pour ne pas dire carrément xénophobe, soutenant le Brexit, qualifiant les Chinois de sous-espèce, Berlin de capitale du viol et la viande halal de diabolique. Mais s’il y a bien une population qu’on ne risque pas de voir fustigée par le Britannique, ce sont les Mexicains, qui lui vouent un véritable culte. Pourquoi ? C’est l’une des plus grandes énigmes du rock, qui a fait l’objet de nombreux articles et même d’une thèse. Certains avancent des similitudes avec la musique ranchera, empreinte d’une même mélancolie, d’autres le côté outsider du chanteur. Il le leur rend bien. Enfin, à sa façon. « J’aime vraiment les Mexicains. Je les trouve vraiment gentils. Ils ont des cheveux fantastiques et une peau fantastique, et généralement de bonnes dents.»
Les plus subversifs : Les Juggalos
Leur notoriété a sans doute dépassé celle du groupe qu’ils suivaient, Insane Clown Posse, duo de rap américain à tendance horrorcore. Pas forcément pour de bonnes raisons. Depuis 2011, les Juggalos, du nom d’une chanson du groupe, ont été listés comme un gang par le FBI, qui avance des penchants nihilistes et un goût trop prononcé pour les drogues. Mais derrière leur maquillage de clowns psychopathes anti-reconnaissance faciale et leurs pratiques étranges, comme celle qui consiste à s’asperger le corps de soda bon marché, les Juggalos se revendiquent comme un mouvement tolérant, accueillant les marginaux de tous bords. La preuve: Charlie Sheen et Elon Musk s’en revendiquent.
Les plus désemparés : Les fans de Slayer
Il n’y a pas plus loyal qu’un fan de métal. Ou borné, c’est selon. Et dans l’univers du métal, les plus hardcore sont sans doute les fans de Slayer, réputés pour leur brutalité et leur dévotion absolue, couplées à un mépris tangible pour les autres groupes. Certains ont quitté leur job, leur femme et leurs enfants pour suivre Slayer, d’autres se sont gravés le nom au couteau sur le torse. Bref, mieux valait ne pas se situer trop près d’eux lorsque l’emblématique formation trash metal annonça la fin de sa carrière en 2018.