Glastonbury et ses artistes révoltés par l’annulation du droit à l’avortement
Olivia Rodrigo, Megan Thee Stallion, Kendrick Lamar, Phoebe Bridgers… Plusieur·es artistes ont pris la parole lors de cette édition 2022 de Glastonbury pour dénoncer l’abrogation de l’arrêt Roe vs Wade aux États-Unis. Il autorisait et encadrait le droit à l’avortement sur tout le territoire américain.
Le 24 juin 2022 est une journée noire dans l’Histoire des États-Unis, mais surtout un bouleversement dans la vie des millions de personnes ayant un utérus. L’arrêt Roe vs Wade, qui encadrait le droit à l’avortement sur tout le territoire américain depuis 1973, a été annulé par la Cour suprême. Ainsi, un état peut décider d’interdir l’IVG et c‘est déjà le cas dans au moins sept états : l’Alabama, l’Arkansas, le Kentucky, le Missouri, l’Oklahoma, le Dakota du Sud et le Wisconsin. Lorsque l’annonce est tombée, au même moment se déroulait, de l’autre côté du globe au Royaume-Uni, le festival Glastonbury. L’évènement a bien évidemment pris une tournure politique. Et ce n’est pas surprenant, la musique et la politique ont toujours été étroitement liées. On repense au festival Rock Against Racism en 1976, réponse aux propos racistes d’Eric Clapton lors d’un concert à Birmingham, au mouvement punk féministe Riot grrrl ou encore à toutes les chansons écrites contre la Guerre du Vietnam, “War!” de Edwin Starr, « The Unknown Soldier« de The Doors, « The Fiddle and the Drum » de Joni Mitchel…
À Glastonbury, les artistes ont donc utilisé -ce qu’ils et elles savent le mieux faire- leur art pour répondre à l’abrogation de l’arrêt Roe vs Wade. Ainsi la popstar américaine Olivia Rodrigo a invité Lily Allen à la rejoindre sur scène pour interpréter son titre « Fuck You ». Et il était évidemment dédicacé aux « cinq membres de la Cour suprême qui nous ont montré qu’au bout du compte, ils n’ont vraiment rien à foutre de la liberté. » « We hate you » ont-elles ponctué avant d’entamer le morceau phare. Un hymne libérateur chanté avec tout le coeur par la foule. Toujours majeurs en l’air.
Phoebe Bridgers, Billie Eilish, Lorde, Megan Thee Stallion et Amy du groupe punk rock Amyl and The Sniffers, ont elles aussi eu un mot doux pour la Cour suprême. Un mot qui commence par F et finit par K. « Le Texas m’embarrasse vraiment en ce moment – vous savez tous que c’est mon état d’origine », a déclaré la rappeuse Megan Thee Stallion, doigt d’honneur levé devant le public de Glastonbury. Le Texas fait partie -sans surprise- des états souhaitant retirer le droit à l’avortement. Elle a alors encouragé la foule à scander : « Mon corps, mon putain de choix ! » Un moment puissant.
Des hommes ont pris également la parole comme les britanniques au rock énervé Idles, mais aussi le rappeur Kendrick Lamar qui a clôturé cette édition de Glastonbury. Paré d’une couronne d’épines incrustée de 8000 micro-pavés de diamant- beaucoup plus chère que celle du Christ-, et ensanglantée, Kendrick Lamar a conclu son concert en répétant en boucle : « Bon vent pour les droits des femmes. Ils vous jugent, ils jugent le Christ“. Entouré par ses danseurs et danseuses, disposés façon tableau, le visage fermé, contemplatif·ves… Le rappeur a marqué les esprits.
En parallèle, du festival, le chanteur Billie Joe Armstrong du groupe Green Day a annoncé lors d’un concert à Londres, renoncer à la citoyenneté américaine en protestation à la décision de la Cour suprême. » J’en ai eu assez de cette stupidité dans le monde pour retourner dans ce putain de pays misérable », a-t-il déclaré devant ses fans. Comme quoi le philosophe Gilles Deleuze avait raison. L’art est un acte de résistance.