Juan Atkins & Moritz Von Oswald present Borderland – Transport
Extrait du numéro 92 de Tsugi (mai 2016)
Vingt ans après leur première collaboration, le pionnier de la techno de Detroit Juan Atkins et le maître incontesté de la dubtechno berlinoise Moritz von Oswald s’étaient retrouvés autour d’un nouveau projet : Borderland. Il en avait résulté un album homonyme en 2013, qui voyait les deux musiciens explorer en roue libre un jazz-électronique onirique et bucolique, plus proche d’un paysage sonore mouvant que de la pure techno. Une expérimentation audacieuse qui avait un peu déçu par la répétition de ses motifs. Il semble que les deux compères aient choisi de rectifier le tir sur ce nouvel album plus cohérent et moins contemplatif. L’aspect improvisation a disparu au profit de productions plus réfléchies et plus tendues à la fois. On y retrouve les lignes de basse profondes de Moritz, les nappes délicates de Juan et surtout une bonne dose de groove. L’album s’ouvre sur une ambient-techno anxiogène (« Transport ») avant de filer vers une techno ronde et dubby qui rappellera certains morceaux de la série M de Maurizio (« Lightyears ») et des atmosphères très deep (« 2600 », « Riod », « Zeolites »). Le duo s’offre aussi un très bel interlude d’électro délicate avec « Merkur ». En revenant à leurs fondamentaux, Juan et Moritz prouvent qu’à cinquante ans passés, on peut encore avoir des choses à dire en matière de techno. Chapeau ! (Nicolas Bresson)
Transport (Tresor/La Baleine), sorti le 29 avril.