đïž Brain Performance Mix : crĂ©er et controÌler de la musique par la penseÌe
Câest un dĂ©fi digne de la sciencefiction quâont relevĂ© MolĂ©cule et The Absolut Company Creation : inventer un nouvel instrument pilotĂ© par la pensĂ©e et partir avec lui en tournĂ©e. Les derniĂšres rĂ©pĂ©titions du Brain Performance Mix viennent de se dĂ©rouler avant une premiĂšre Ă Paris au 104 le 18 mai et le dĂ©part sur les routes. Musique Ă©lectronique et nouvelles technologies sâassocient Ă nouveau pour dessiner le futur.
Article issu du Tsugi 150 : Dylan Dylan, u.r.trax, Marina Trench, Romane Santarelli : Ălectro, le Monde d’AprĂšs
đ Et surprise ! Tsugi vous fait gagner 2×2 places pour assister Ă la premiĂšre reprĂ©sentation de MolĂ©cule utilisant la technologie Brain Performance Mix, le mercredi 18 mai au 104, Ă Paris.Â
đŹÂ Pour participer, il vous suffit d’envoyer un mail avec votre prĂ©nom+nom Ă l’adresse suivante : [email protected] avec pour objet, « Concours BPM »
Câest la glorieuse incertitude, non pas du sport, mais de la creÌation. JusquâaÌ la fin de la tourneÌe, il y aura de quoi sâinquieÌter pour lâeÌquipe du BPM, lâacronyme de Brain Performance Mix, imagineÌ comme « la premieÌre performance musicale creÌeÌe et controÌleÌe par la penseÌe dâun artiste » et dont nous avons deÌjaÌ un peu parleÌ dans Tsugi. « Lâinstrument est preÌt, il est tout jeune, mais il fonctionne. Je lui ai meÌme donneÌ un nom, Jil », raconte MoleÌcule quelques jours avant dâentrer en reÌsidence pour les premieÌres reÌpeÌtitions en situation de ce concert dâun genre nouveau, sur lequel il travaille depuis de nombreux mois. « En revanche, on ne sait pas encore comment Jil va reÌagir lorsquâon va lâutiliser sur sceÌne en public. Comment les jeux de lumieÌre, les reÌactions du public ou les eÌventuelles interfeÌrences dues aÌ la saturation des ondes Bluetooth dans une salle de concert vont lâaffecter. Dâailleurs, je ne sais meÌme pas comment je vais reÌagir moi-meÌme, utiliser cet instrument demande une eÌnorme concentration. Mais si cette fragiliteÌ du dispositif et les zones dâombre qui entourent cette performance sont inquieÌtantes, elles sont surtout treÌs excitantes, dâautant que je ne veux pas de filet de seÌcuriteÌ. Je ne souhaite pas truquer la performance, si cela ne marche pas, cela ne marche pas, il faut lâassumer. » BPM est neÌ en 2019 graÌce aÌ lâimpulsion de la structure de meÌceÌnat The Absolut Company Creation qui, depuis 2016, a aussi permis la naissance de OX puis de Physis, deux installations sceÌnographiques lumineuses associant deÌjaÌ musique eÌlectronique et nouvelles technologies, qui ont accompagneÌ dans le domaine des neurotechnologies. « Ils avaient deÌveloppeÌ un casque treÌs leÌger permettant de transformer les ondes ceÌreÌbrales lieÌes au cortex visuel en commandes numeÌriques, utiliseÌ notamment pour le monde du jeu videÌo. Nextmind souhaitait amener cette technologie dans dâautres univers et ils ont accueilli chaleureusement notre reÌve un peu fou de creÌer le premier live conçu et controÌleÌ par lâactiviteÌ ceÌreÌbrale. »
Un voyage inteÌrieur
Il a fallu ensuite trouver le musicien qui allait sâemparer de cette technologie pour la porter sur sceÌne. Câest ici quâintervient Romain De La Haye-Serafini, plus connu sous le nom de MoleÌcule, notamment pour son travail dans le domaine du field recording et qui reconnaiÌt volontiers « aimer tester de nouveaux outils ». DeÌs que lâeÌquipe de The Absolut Company Creation lui a preÌsenteÌ le casque deÌveloppeÌ par Nextmind et ses possibiliteÌs, MoleÌcule a eu une intuition : « On mâa parleÌ de cette technologie comme eÌtant une sorte une troisieÌme main permettant de faire des choses en plus avec mes machines, mais jâai tout de suite senti que cela pouvait aller plus loin. Ouvrir et fermer des boutons avec une troisieÌme main, câest un gadget. Je ne suis pas certain que les musiciens aient vraiment besoin dâune main suppleÌmentaire. » Ce qui inteÌresse MoleÌcule, câest « dâeÌtre face aÌ une technologie qui neÌcessite de la concentration, presque un voyage aÌ lâinteÌrieur de soi, pour envoyer des ordres, piloter la machine, ce qui me semble assez proche de la creÌation elle-meÌme. La technologie deÌveloppeÌe par Nextmind se fonde sur lâactiviteÌ ceÌreÌbrale, ils ont trouveÌ un moyen de la capter et de sâen servir pour faire exeÌcuter des commandes. En ce qui me concerne, je voulais que lâhumeur du musicien influe sur la manieÌre dont les commandes allaient eÌtre effectueÌes et donc sur la façon dont lâinstrument allait sonner. Mon souhait eÌtait dâarriver aÌ inventer un instrument original aÌ partir de cette technologie et quâil sonne diffeÌremment selon la personne qui lâutilise et son humeur du jour ». La science-fiction nâest pas loin. Pour tirer le maximum de la technologie deÌveloppeÌe par Nextmind, deÌpasser le simple, bien que deÌjaÌ spectaculaire, stade consistant aÌ ouvrir ou fermer des commandes uniquement avec son cerveau, pour « obtenir graÌce au capteur poseÌ sur le craÌne des informations en continu, qui vont faire eÌvoluer le son de lâinstrument selon lâeÌtat dâesprit de la personne qui en joue », un troisieÌme cerveau arrive aÌ bord en 2021, Benjamin LeÌvy. Pur produit de lâIrcam (Institut de recherche et coordination acoustique/musique), comme il se deÌfinit lui-meÌme, Benjamin LeÌvy est aÌ la fois ingeÌnieur, informaticien et musicien (violoncelliste), et il a toujours travailleÌ aÌ associer sciences et musique. ApreÌs avoir fait toute sa carrieÌre aÌ lâIrcam, Benjamin LeÌvy vient de le quitter lorsque la proposition de collaboration avec MoleÌcule lui tombe dessus. « Ce qui mâa attireÌ, câest de combiner une technologie de pointe avec une creÌation musicale et aller jusquâaÌ un concert. Câest ce que jâai fait durant des anneÌes aÌ lâIrcam. Cette fois, jâallais avoir lâoccasion de le faire dans un autre monde de musique. Un nouvel horizon. » Ensemble, MoleÌcule et Benjamin vont encourager Nextmind aÌ ouvrir le capot de leur invention et deÌvelopper Jil, pour quâil soit non seulement commandeÌ par la penseÌe, mais quâil permette aussi de veÌritablement sculpter le son.
Lâinstrument du futur
Reste aÌ en jouer sur sceÌne. Car des trois deÌfis du projet BPM, creÌer un nouvel instrument, en jouer sur sceÌne et rendre compreÌhensible par le public ce quâil permet de faire â alors que par nature son utilisation est invisible â, la dernieÌre phase nâest pas la plus simple. Comment rendre visible lâinvisible alors meÌme que lors dâun live de musique eÌlectronique, nombreux sont ceux qui ont souvent du mal aÌ comprendre ce que le musicien fait avec ses machines ? Lors dâun live BPM, il ne tourne meÌme plus de boutons. Lâagence Franz & Fritz, speÌcialiseÌe dans lâutilisation de la lumieÌre et la creÌation de sceÌnographies spectaculaires (pour de nombreux deÌfileÌs de mode, mais aussi pour Clara Luciani ou le festival Peacock), va proposer de seÌparer la sceÌne en deux espaces, celui dâun studio classique, veÌritable tableau de bord des machines de MoleÌcule, et celui reÌserveÌ aÌ Jil, incarneÌ sous la forme treÌs pure dâun monolithe inspireÌ par celui de 2001, lâOdysseÌe de lâespace. Sur sceÌne, MoleÌcule fait des allers-retours entre lâun et lâautre, le casque de Nextmind serreÌ â « jusquâaÌ faire saigner » â sur la teÌte. Lorsquâil se preÌsente devant Jil, tel un astronaute du film de Stanley Kubrick, le « processus de calibration » se met en place jusquâaÌ ce quâune voix syntheÌtique annonce « cerveau connecteÌ ». MoleÌcule peut alors façonner le son, le travailler avec son cerveau et ensuite retourner aÌ ses machines pour en jouer sans que la connexion neuronale soit interrompue et que Jil cesse de reÌagir aux eÌmotions du musicien. AÌ chaque fois que MoleÌcule se preÌsente devant Jil, les mains dans le dos, le son eÌvolue comme sâil eÌtait vivant. Alors, pour mieux faire appreÌhender cette abstraction, il faut une part de theÌaÌtraliteÌ dans ce show, sans quâelle ne soit jamais au deÌtriment de la musique, particulieÌrement intense et reÌsolument dansante avec ses clins dâĆil aux Daft Punk. MeÌme sans toujours saisir ce qui se passe, la musique garde tous ses droits. Des premieÌres reÌpeÌtitions, MoleÌcule est sorti heureux mais eÌpuiseÌ par la concentration que lâexercice demande durant plus dâune heure. « Finalement, ce nâest pas tant Jil qui est affecteÌ par lâintense light show conçu par Franz & Fritz que moi. Jâai parfois du mal aÌ fixer mon attention. » Quant aux interfeÌrences des signaux Bluetooth que redoutait Benjamin LeÌvy, elles ne semblent pas non plus affecter « lâinstrument du futur », comme tous en parlent avec fierteÌ. La premieÌre du Brain Performance Mix aura lieu le 18 mai prochain au 104 aÌ Paris sur invitation. MoleÌcule partira ensuite en tourneÌe dans diverses salles, en soireÌe speÌciale lors du closing de Nuits Sonores aÌ Lyon le 29 mai, en ouverture du Weekend des curiositeÌs au Bikini aÌ Toulouse le 2 juin, au Bon Air aÌ Marseille le 3 juin ou au Peacock en septembre. En clair, demain est deÌjaÌ aujourdâhui.
đ Et surprise ! Tsugi vous fait gagner 2×2 places pour assister Ă la premiĂšre reprĂ©sentation de MolĂ©cule utilisant la technologie Brain Performance Mix, le mercredi 18 mai au 104, Ă Paris.Â
đŹÂ Pour participer, il vous suffit d’envoyer un mail avec votre prĂ©nom+nom Ă l’adresse suivante :: [email protected] avec pour objet, « Concours BPM »