Pourquoi le dernier album de Rosalía est excellent
On a rarement l’habitude de parler d’albums mainstream. Mais force est d’admettre qu’en plus d’être très réussi, le dernier album de Rosalía est capable de s’adresser à tous.
On s’avoue vaincus. Ou plutôt conquis. Déjà une star depuis 2018 et son deuxième album, El Mal Querer, Rosalía revient très fort avec son successeur, Motomami, sorti aujourd’hui. Le doute n’est plus permis : elle est bel et bien une des grandes pop stars de cette décennie. Au fil des titres, l’Espagnole fait preuve d’une capacité à jongler d’un style à l’autre, d’une ambiance à l’autre, avec une facilité déconcertante, et une palette vocale complète. Bangers rap, ballades pop, reggaeton fiévreux, flamenco futuriste, la chanteuse sait faire feu de tout bois, sans jamais renier son identité.
À lire également
🔊 Inter[re]view : Imaabs, si SOPHIE avait été Chilienne
Surtout, l’artiste réussit ce difficile tour de force de produire un album aussi pointu que mainstream. Pour bousculer les carcans anglophones, elle se base bien sûr sur le succès massif du reggaeton et des musiques latines dans toute l’Amérique. Dans ce vaste continent musical, Rosalía sait piocher tant dans le répertoire traditionnel (« Bulerías »), les musiques de danse (« Chicken Teriyaki ») ou le répertoire des grandes divas vocales (« Deliria de Grandeza »), pour la croiser au rap ou même l’hyperop (« Motomami »). Ses chansons osent les ruptures de rythme, les rencontres audacieuses entre percussions furieuses, autotune et douceur pop, entre flamenco andalou, rap américain et danses caribéennes. Les grands écarts sont nombreux, et tous maîtrisés.
Au-delà de rendre toujours plus poreuse la frontière entre underground et grand public, Rosalía nous rassure sur l’avenir de la pop. Que ce soit avec Billie Eilish, Olivia Rodrigo, ou même Charli XCX, la pop de cette nouvelle décennie se construit autour de chanteuses capables d’affirmer à la fois une identité forte, mais aussi une grande curiosité musicale. Et une telle vivacité de la sphère mainstream ne peut que réjouir le mélomane le plus exigeant. Car elle est signe de nouvelles opportunités à venir.